La croissance française tirée par l'investissement

L'économie française a enregistré une croissance de 1,1% au deuxième trimestre 2006, un record depuis fin 2000, tirée notamment par un rebond de 1,8% de l'investissement des entreprises. En léger déclin, la consommation reste néanmoins vigoureuse.

L'investissement des entreprises redémarre dans l'Hexagone. Alors que la consommation est somme toute un peu moins vigoureuse, c'est aux investissements que la France doit son 1,1% de croissance au deuxième trimestre 2006. D'après la deuxième estimation de l'Insee publiée ce matin, l'acquis de croissance depuis le début de l'année est désormais de 1,9%. La France n'avait pas enregistré une telle performance depuis le dernier trimestre 2000. Lors de la première estimation publiée le 11 août, l'Insee avait fait état d'une croissance comprise entre 1,1 et 1,2% au deuxième trimestre. En rythme annualisé, la croissance atteint 2,6%.

Selon les détails donnés avec cette deuxième estimation du produit intérieur brut trimestriel, les trois mois sous revue ont été marqués par un léger ralentissement de la consommation des ménages: celle-ci n'a crû que de 0,7%, contre 0,9% sur les trois premiers mois de l'année. Sa contribution au PIB s'est ainsi élevée à 0,4 point. Pourtant, le chômage n'a cessé de décroître pour atteindre un plus bas depuis quatre ans, à 9% en juin, contre 10,1% en juin dernier. Mais les salaires n'ont augmenté que de 0,5% contre une inflation de 1% sur la période, ce qui s'est bien sûr traduit par une perte de pouvoir d'achat. Un thème qui figurera parmi les dossiers les plus chauds de la rentrée du gouvernement (voir ci-contre).

L'investissement a en revanche fortement progressé, avec une Formation brute de capital fixe (FBCF) en "nette accélération", souligne l'Insee: +1,5% contre +0,0%. Au sein de cet ensemble, les investissements des entreprises non financières se sont redressés de façon spectaculaire, avec un bond de 1,8% au deuxième trimestre contre un repli de 0,5% au premier. "Il s'agit simplement d'une correction par rapport à un premier trimestre moribond, estime Laure Maillard, économiste chez Ixis. La croissance française reste donc très fragile"

L'évolution du commerce extérieur a été négative, affectée par la flambée des prix du pétrole de 18% cette année et une devise forte. Le rythme de croissance des exportations a ralenti à +1,8% contre +3,4%. A l'inverse, les importations ont nettement accéléré: +3,3% après +1,2%. Au total, note l'Insee, "le solde extérieur se dégrade et contribue pour -0,5 point à l'évolution du PIB, après +0,6 point au premier trimestre".

Enfin, les entreprises ont travaillé à la reconstitution de leurs stocks, après un fort recul au premier trimestre. L'augmentation de ces derniers a donc contribué pour 0,8 point à l'évolution du PIB, après -0,7 au premier trimestre de l'année. "Mais il faut noter que les variations de stocks sont certainement le poste le plus volatil et le plus souvent révisé des comptes nationaux. Il n'est en effet pas rare de voir le niveau des stocks varier fortement longtemps après leur publication initiale. Il faut donc se garder de toute affirmation péremptoire les concernant et souligner plutôt la bonne tenue de la demande intérieure", indique Alexandre Bourgeois, économiste chez Natexis.

Dans la zone euro, la croissance a atteint 0,9% au deuxième trimestre, et l'Union européenne estime qu'elle devrait se stabiliser à 7% au deuxième semestre avant de reculer à 0,5% au début de l'année prochaine. "Ayant anticipé la forte croissance de la zone euro au deuxième trimestre, la Banque centrale européenne (BCE) a augmenté ses taux et devrait continuer à le faire, en l'absence de signe de ralentissement, estime Laure Maillard. Mais pour nous, cette période a connu un pic et la croissance devrait se tasser progressivement." Et pour cause: la hausse des taux d'intérêt de la BCE -d'un point de pourcentage depuis décembre- devrait s'accélérer, la remontée de l'euro enregistrée au cours des derniers mois devrait commencer à devenir pénalisante et le relèvement de trois points du taux de TVA en Allemagne pèsera sur la première économie européenne. Sans compter le ralentissement de l'économie américaine, suscepible de jeter un froid sur l'ensemble de l'économie mondiale.

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