Soda pour tout le monde !

Le gouvernement américain a dépensé 415 millions de dollars dans une étude qui conclut que manger moins gras ne réduit pas le risque de maladie cardiaque et de cancer chez les femmes. Une aubaine pour les champions de la " mal-bouffe ".

Professionnels de la restauration rapide et producteurs de plats et boissons caloriques ont dû sabrer le champagne la semaine dernière. Accusés d'aggraver la santé des Américains en les gavant de " mal bouffe ", ceux-ci ont eu la délicieuse surprise d'apprendre que le fait de manger moins gras ne diminuait pas les risques de cancer et de maladies cardio-vasculaires. En tout cas, pas chez les femmes, selon une étude que vient de publier le Journal of the American Medical Association (JAMA).

Les stupéfiantes conclusions de cette recherche commandée par le gouvernement fédéral semblent d'autant plus incontestables que celui-ci n'a pas lésiné sur les moyens. Dans les colonnes du New York Times, le docteur Jules Hirsch, spécialiste en questions alimentaires auprès de la prestigieuse Rockefeller University, n'a pas hésité à qualifier le rapport de " Rolls-Royce des études " médicales. Conduite dans le cadre de la Woman's Health Initiative (WHI), elle a duré huit ans et a porté sur 50.000 femmes âgées de 50 à 79 ans. Au total, l'étude a coûté la bagatelle de 415 millions de dollars au contribuable américain! Du jamais vu pour une recherche sur l'alimentation, même aux Etats-Unis.

Pour les lobbies agroalimentaires, la publication du rapport arrive à point nommé. Elle intervient alors que la polémique sur les " trans fats ", ces mauvais gras résultant de l'hydrogénation des huiles végétales utilisées dans la transformation des aliments, bat son plein. Depuis un mois, le gouvernement américain exige que soit mentionnée la proportion de " trans fats " que contiennent plats et produits vendus dans le commerce, enjoignant les consommateurs à en ingérer le moins possible.

La semaine dernière, McDonald's a annoncé que ses frites (" françaises ") contenaient un tiers de " trans fats " de plus que le groupe ne l'avait estimé jusqu'à présent. Une révélation faite après que le géant de la restauration rapide eut changé sa méthode d'analyse et qui fait frémir les milieux médicaux américains. Car si par le passé McDonald's a divulgué des informations erronées sur ses frites, pourquoi le public devrait-il davantage se fier à ses concurrents?

En attendant que toute la lumière soit faite sur la qualité des aliments vendus aux Etats-Unis, les lobbies ne désarment pas. Pour l'Association des producteurs alimentaires (FPA), rien ne sert de retirer des cantines scolaires certains plats et boissons jugés trop caloriques ou trop sucrés par les médecins. Car il suffit d'éduquer les consommateurs, dès leur plus jeune âge, pour que ceux-ci se fassent une idée de ce qui est bon pour leur santé.

Et comme il est désormais prouvé que manger moins gras ne réduit pas les risques liés à certaines maladies, pourquoi devraient-ils, après tout, se priver de pizzas, hamburgers ou de sodas? Champagne! ! !

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