Trichet accrédite la thèse d'une hausse des taux le 3 août

C'est sans surprise que la BCE vient d'annoncer le statu quo sur son taux directeur. La réintroduction du terme de "vigilance" dans le discours de Jean-Claude Trichet, et la réunion du conseil le 3 août au lieu de la téléconférence prévue, rendent très probable une hausse d'un quart de point à cette date.

Le conseil des gouverneurs va "exercer une grande vigilance" face aux risques inflationnistes, a mis en garde Jean-Claude Trichet cet après-midi. Le terme de "vigilance" lâché, le plus fort précédant systématiquement un tour de vis, il n'en fallait pas plus pour conforter les économistes les plus "faucons" dans leur anticipation d'une prochaine hausse du taux directeur de la Banque centrale européenne (BCE) début août. D'autant plus que la prochaine réunion, qui devait se dérouler par téléconférence comme toutes celles du milieu de l'été, se fera exceptionnellement de vive voix. Jusqu'à présent, la plupart des économistes ne s'attendaient pas à un mouvement avant fin août.

Comme prévu, la BCE a laissé aujourd'hui son taux directeur inchangé à 2,75%. Il faut dire que le 8 juin, lors de son troisième tour de vis de 25 points de base depuis décembre dernier, Jean-Claude Trichet avait fait savoir qu'il n'accélérerait pas le rythme de ses resserrements monétaires (lire ci-dessous). De sorte que la majorité des économistes et les marchés avaient parié sur un statu quo, la BCE n'ayant encore jamais procédé à deux tours de vis d'affilée.

Le changement de ton de la BCE est certainement dû aux tensions inflationnistes qui s'accumulent, entre les risques de dérapage des prix dans le sillage de ceux de l'énergie, les hausses d'impôts, l'augmentation de la masse monétaire M3 supérieure à la valeur de référence de 4,5% que lui assigne la BCE, et enfin l'envolée des crédits au secteur privé.

Sans compter que la croissance européenne commence à montrer des bases solides, supérieures à sa vitesse de croisière de 2%. A ce titre, les statistiques économiques à venir seront cruciales, avec en particulier la croissance du PIB du deuxième trimestre en zone euro, publiée vers la mi-août. Pour l'heure, la décrue du chômage, l'indice des directeurs d'achat des services et secteur manufacturier plaident en faveur de ce resserrement début août.

La question reste désormais de savoir quelle sera l'intensité du mouvement opéré par la BCE. Ken Wattret, économiste chez BNP Paribas, écarte d'emblée l'hypothèse d'un relèvement de 50 points de base. "Le conseil se réunira 'physiquement' le 3 août, il y aura une conférence de presse, mais aucun indice d'un resserrement supérieur au quart de point habituel n'a affleuré, tout ceci est clair comme le jour", commente l'économiste après avoir écouté la séance de questions-réponses à l'issue du discours du président de l'institution.

En réaction immédiate à cette hausse du loyer de l'argent, l'euro a grimpé contre le yen et le billet vert, tandis que les taux longs se sont tendus sur les marchés obligataires. La monnaie unique a ainsi augmenté à 1,2772 dollar contre 1,2726 hier au soir. Le taux du Bund allemand à 10 ans a grimpé à 4,127% contre 4,112% avant les annonces de Jean-Claude Trichet, tandis que le taux de l'OAT française à 10 ans se tendait à 4,137% contre 4,121% en début d'après-midi et 4,138% hier soir.

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