La roue tourne favorablement pour Thales. Tandis que l'électronicien était, il y a peu de temps encore, voué à un dépeçage certain, cela n'est plus le cas aujourd'hui. Bien au contraire, la tendance actuelle est plutôt à un renforcement de ses métiers. Et aussi surprenant que cela paraisse, EADS y contribuerait également. Le groupe européen d'aéronautique et d'armement a proposé à la direction de Thales et à l'Etat d'apporter sa filiale spatiale Astrium à Thales dans le cadre de la consolidation de l'industrie des satellites en France, indiquent des sources concordantes.
Le coprésident d'EADS Noël Forgeard ne veut pas être laissé sur la touche s'agissant de Thales. Quitte donc à revoir aujourd'hui nettement à la baisse ses ambitions sur le groupe d'électronique et prendre part à une opération beaucoup plus limitée. Très loin de l'objectif initial affiché qui était une absorption de Thales par EADS.
"C'est vrai que nous sommes plus dans une logique d'apport d'actifs aujourd'hui en vue de renforcer les métiers de notre groupe, le leader européen de l'électronique, qu'un dépeçage du groupe", confirme-t-on chez Thales. "Nous discutons avec tout le monde, EADS, Alcatel et Finmeccanica, nous sommes au centre du jeu", se réjouit-on, tout en précisant "l'intérêt industriel de ces propositions".
Envisagée par la direction d'EADS, une opération entre le géant européen et Thales, qui devrait s'accompagner semble-t-il d'une prise de participation d'EADS dans le capital de l'électronicien, ne pourrait se faire qu'une fois acté le resserrement des liens entre Thales et Alcatel.
Ce dernier veut toujours autant monter dans le capital du groupe d'électronique en contrepartie de la cession de ses actifs dans les satellites, et le pôle Transport et Sécurité. L'opération se poursuit de façon parallèle aux ambitions d'Alcatel de se renforcer dans les télécoms, via un rapprochement avec le groupe Lucent, comme La Tribune l'écrivait le 8 mars.
Selon des estimations des banques, les ventes des activités Transport et sécurité sont estimées en 2006 entre 600 et 800 millions pour un Ebit compris dans une fourchette de 50 à 70 millions. Le chiffre d'affaires d'Alcatel Alenia Space, la joint venture entre Alcatel Space et le groupe italien Finmeccanica, est, lui, évalué, pour 2006, à 1,4 milliard d'euros, pour un résultat opérationnel (Ebit) de 70 millions d'euros. Reste à savoir quel sera le rôle des Italiens dans le futur tour de table de Thales.
Ainsi, les quatre administrateurs indépendants du conseil de Thales (La Tribune du 10 février), dont le PDG de Veolia Environnement, Henri Proglio, proche de Jacques Chirac, Roger Freeman, président de l'advisory board de PricewaterhouseCoopers Corporate Finance UK et François Bujon de l'Estang, président de Citigroup, ont été convoqués demain pour se saisir du dossier du resserrement des liens entre Alcatel et Thales, a révélé Les Echos.
EADS propose d'apporter à Thales sa filiale spatiale Astrium
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