latribune.fr- Au vu des résultats 2005 et des perspectives encourageantes que Carrefour a dévoilées récemment, pensez-vous que les problèmes du groupe soient derrière lui ?

Guy Francheteau- Pas tout à fait. Mais on peut toutefois dire que le nouveau management mis en place a une bien meilleure maîtrise de la situation, dans un délai court. Il y a un an, Jose Luis Duran prenait la succession de Daniel Bernard à la présidence du groupe. Il a eu tout d'abord comme tâche de reconstituer une équipe de direction. Il a aussi pris les rênes de la société en partant sur un constat d'échec avec une perte de parts de marché des hypers. Au final, en faisant preuve de pragmatisme, le nouveau président a réussi à redonner confiance aux équipes sur le terrain. Le groupe a retrouvé un meilleur positionnement sur les prix, grâce notamment à une reprise des négociations avec ses fournisseurs.

La crise des hypermarchés est-elle pour sa part terminée ?

Dans ce domaine, le point bas a été touché. Le gros de l'effort sur les prix pour reprendre des parts de marché a été fourni au quatrième trimestre 2005. A présent, la part de marché des hypers atteint 17,1%. Par ailleurs, les hypermarchés permettent au groupe de toucher une base clientèle de 8 millions de foyers. Ce qui permet au groupe de commencer à faire du "micro marketing" et d'affirmer son image de prix, surtout dans l'alimentaire. En revanche, Carrefour continue de réfléchir à sa stratégie dans le non-alimentaire. Le groupe pourrait se recentrer sur certains produits et abandonner son côté généraliste. Il pourrait notamment conserver le textile mais se désengager de l'électroménager. Carrefour pourrait faire des annonces à ce sujet cette année.

Qu'en est-il de l'activité internationale du groupe?

Tous les pays où Carrefour est présent sont rentables. L'activité à l'international va devenir un vrai levier de croissance pour le groupe. Il devrait réaliser plus de 50% de son excédent brut d'exploitation à l'étranger (tous les pays en dehors de la France) à partir de 2007-2008. Par ailleurs, en termes de stratégie, le groupe choisit désormais de se concentrer sur moins de pays, et d'y augmenter sensiblement son développement. Ainsi, alors qu'entre 2001 et 2004 il a ouvert en moyenne 800.000 m2 de surface dans 24 pays, il prévoit d'ouvrir 1,5 million de m2 de surface sur seulement 20 pays de 2006 à 2008.

Le développement à l'international peut-il compenser les faiblesses de la consommation en France et en Europe de l'Ouest?

Tout à fait. En outre, si le levier international n'est pas perturbé de graves crises économiques ou politiques, le groupe pourra même retrouver des taux de croissance de bénéfice de l'ordre de 15% à partir de 2009.