"Le recentrage de PPR dans le luxe va se faire, mais pas aussi vite que le marché ne le croit"

Latribune.fr - Comment expliquer le recentrage de PPR vers le luxe ?Marc Favard - Le marché du luxe présente aujourd'hui un potentiel d'expansion très attractif, notamment grâce aux pays émergents. La croissance mondiale est soutenue, la consommation se maintient bien et PPR peut compter sur l'enrichissement de clients toujours plus nombreux dans les marchés encore en devenir que sont la Chine, l'Inde, la Russie ou l'Est de l'Europe. De plus, les marges réalisées dans cette industrie sont substantielles et nettement supérieures à celles que l'on peut enregistrer dans la distribution.Dans ce contexte, comment l'évolution de la stratégie du groupe est-elle accueillie par les investisseurs ?Les cessions conclues ces derniers mois (le distributeur de matériel électrique Rexel et les magasins Printemps, NDLR) ou la vente envisagée de la Fnac dont l'activité est en perte de vitesse, sont autant de signes adressés aux marchés sur la volonté du groupe de devenir un "pure player" du luxe. La Bourse accueille favorablement la nouvelle et les investisseurs sont globalement séduits par le projet... mais ils restent prudents. Car si une partie du chemin est accomplie, il reste au groupe à s'engager dans la phase de réalisation et répondre aux marchés qui attendent désormais des cessions d'une part, mais surtout de nouvelles acquisitions.Quelles pourraient-être les cibles convoitées ?A vrai dire, il y a actuellement assez peu d'affaires à saisir sur le marché. Les occasions sont rares, il est donc assez facile de dresser une liste. Jusque là, on a déjà beaucoup parlé de Bulgari, société "opéable" mais qui affiche un certain scepticisme à l'évocation d'un projet de reprise. On peut également citer des groupes comme Hermès, Tod's ou Clarins parmi les acquisitions potentielles. Le groupe ne risque-t-il pas de payer ces acquisitions au prix fort ?Si PPR veut faire ses emplettes dans le luxe, il lui faudra indubitablement mettre la main au portefeuille. Si l'on prend par exemple le cas de la marque Bulgari, celle-ci affiche déjà une capitalisation boursière fort honorable de 3 milliards d'euros. Toutefois sa valorisation reste en-deçà de celle d'un groupe comme Hermès, qui coûterait à l'achat près de 40% plus cher. En revanche, le sellier délivre une marge opérationnelle consistante de 26% bien supérieure à celle du bijoutier, qui s'élève pour le moment à 15%. C'est suivant un rapport coût/rentabilité que PPR devra arbitrer ses décisions. Et dans cette équation, il ne faut pas oublier un concurrent de taille, LVMH, qui ne va pas se laisser marcher sur les pieds et pourrait faire monter les enchères.En tout état de cause, avec une meilleure valorisation, le groupe s'inscrit désormais dans un contexte très favorable pour financer sa mue vers le luxe. Ses résultats sont bons, son endettement réduit avec un ratio de dettes sur fonds propres en nette amélioration à 30%, alors qu'il a pu atteindre 70%. Le groupe dispose aujourd'hui d'une meilleure marge de manoeuvre.Doit-on s'attendre à un désengagement total de la distribution ?Pour le moment, ce n'est pas encore très clair, on en est encore au stade des rumeurs. Il n'est d'ailleurs pas certain que la direction sache elle-même ce que sera demain son nouveau périmètre d'activités et ce que deviendront notamment Redcats ou Conforama. Car pour pouvoir vendre, encore faut-il trouver des acquéreurs! Le recentrage dans le luxe va se faire, mais peut être pas aussi vite que le marché ne le croit. Cela va prendre du temps.
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