Selon nos informations, Fabrice Brégier, l'actuel patron d'Eurocopter, la filiale hélicoptères du groupe européen d'aéronautique et de défense EADS, va prendre le poste de directeur général d'Airbus (COO, chief executive officer) aux côtés du président d'Airbus et co-président exécutif d'EADS, Louis Gallois. Ce dernier, qui vient de prendre, en plus de ses fonctions chez EADS, la direction d'Airbus afin de pallier la démission surprise du précédent patron de l'avionneur Christian Streiff, avait besoin d'un solide numéro deux pour l'assister afin de redresser Airbus. Cette annonce pourrait intervenir vendredi, ou au plus tard lundi.

Le rival de Boeing est en effet confronté, comme l'a été son concurrent il y a quelques années, à une série de graves problèmes techniques, industriels, financiers, actionnariaux et managériaux. Avec des retards sur ses nouveaux programmes le géant A380, le futur A350 censé riposter à la nouvelle merveille de Boeing, le B787 superéconomique, l'Airbus militaire A400M. Des retards très coûteux pour Airbus - à qui les compagnies aériennes réclament des dédommagements financiers - et à sa maison-mère EADS.

Fabrice Brégier, longtemps poulain du groupe Lagardère (co-actionnaire de EADS) dans le secteur de la défense, a mené avec talents ces dernières années Eurocopter qui engrange depuis de long mois d'importantes commandes à l'export pour ses deux nouveaux produits, l'hélicoptère de combat Tigre et l'hélicoptère de transport militaire NH90.

Un autre nom a longtemps circulé pour devenir le numéro deux d'Airbus, celui de Marwan Lahoud, le PDG, lui aussi talentueux, du leader mondial des missiles MBDA, codétenu par EADS, l'italien Finmeccanica et le britannique BAE Systems. Mais l'implication de son frère Imad Lahoud dans l'obscure affaire Clearstream dans laquelle est englué le gouvernement a pesé in fine sur sa candidature.

Le nom de Fabrice Brégier avait déjà circulé pour Airbus lors du précédent remue-ménage à la tête de l'avionneur, qui ne remonte qu'à juillet dernier, avec le départ forcé du patron d'alors, l'allemand Gustav Humbert, remplacé à la surprise générale par Christian Streiff, venu de Saint-Gobain. Mais le camp français avait alors émis la crainte de perdre, avec le départ de Fabrice Brégier, la direction d'Eurocopter au profit des Allemands, leurs grands partenaires dans EADS.

Il semble finalement que c'est bien un Allemand qui va reprendre les rênes d'Eurocopter. Le nom de Lutz Bertling, patron d'Eurocopter Allemagne, responsable des programmes gouvernementaux et membre du comité exécutif de l'hélicoptériste, circule pour cette fonction.