Lohengrin, chevalier migrateur, fait une halte à Bastille

L'Opéra Bastille retrouve avec plaisir la production qui, en 1996, faisait entrer l'oeuvre de Richard Wagner à son répertoire.

"Lohengrin, genau !". Le chevalier, fils de Parsifal, qui taisait précieusement son nom et sa lignée va devoir repartir comme il est venu, au fil de l'eau, emporté par un cygne. A son grand regret, il vient de répondre à la question que sa toute jeune épouse, Elsa de Brabant, avait promis de ne jamais poser : qui est-il ? Le livret écrit par le compositeur Richard Wagner s'inspire d'une légende du XIIe siècle, celle du Chevalier au cygne, que l'on retrouve dans un poème anonyme allemand un siècle plus tard, puis dans de nombreux contes.

Ici, la mise en scène de Robert Carsen contraint l'action à une unité de lieu. Un gigantesque blockhaus en ruine, dont l'espace est sensiblement sculpté au fil des actes par la lumière de Dominique Bruguière. Les costumes de Paul Steinberg sont à l'image de ses décors : ils ont le goût de l'après guerre et du béton qui a vieilli.

Au milieu de tout ce gris-sale monolithique, les éléments surnaturels du récit sont autant d'apparitions "enfantasques" : Lohengrin en chevalier, le cygne, qui finit par se transformer en enfant (Gottfried de Brabant) et un bout de forêt merveilleuse belles aux couleurs d'automne, cachée derrière les portes du bunker. La chose a des côtés "Walt Disney presents ...", entre "Merlin l'enchanteur" et la "Belle au Bois dormant", mais on s'y laisse prendre avec plaisir.

Ben Heppner, en dépit de son costard cravate étriqué, captive en Lohengrin et ne ménage pas sa peine tout au long de ces 3h30 de musique. Elsa de Brabant est incarnée tout en finesse et fragilité par Mireille Delunsch, pourtant annoncée souffrante. Mais c'est en fin de compte Waltraud Meier qui a réellement enflammé le coeur de l'Opéra Bastille. Une ovation due à sa voix, envoûtante, et à son jeu de scène, mais aussi à la nature même de son personnage, Ortrud, si effroyablement manipulatrice qu'elle en attire ipso facto la fascination.

L'orchestre de l'Opéra national de Paris était superbement dirigé par l'immense Valery Gergiev. Malheureusement, on ne saurait en dire autant du choeur, dont les problèmes de décalage le disputaient au manque d'homogénéité.


Renseignements pratiques :
"Lohengrin" de Richard Wagner, les 2, 5, 8 et 11 juin à l'opéra Bastille. www.operadeparis.fr. Tél : 08 92 89 90 90.

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