Kadhafi à Paris : sur fond de polémiques, Sarkozy prévoit pour 10 milliards d'euros de contrats

La France accueille ce lundi et pour cinq jours le chef d'Etat libyen, à l'occasion de sa première visite officielle dans le pays depuis trente-quatre ans. La gauche et les associations internationales fustigent la "diplomatie business" de Nicolas Sarkozy. Le président annonce des contrats pour une dizaine de milliards d'euros.

Le président Sarkozy a déclaré ce lundi qu'il allait "signer pour une dizaine de milliards d'euros de contrats" avec la Libye lors de la visite de Mouammar Kadhafi. Le chef de l'Etat a précisé que la France allait signer ce lundi soir "des contrats de collaboration pour une usine de dessalement d'eau de mer avec un réacteur nucléaire", "une coopération en matière d'armement, et différents contrats économiques".

Nicolas Sarkozy a aussi déclaré, après s'être entretenu avec le colonel Kadhafi, lui avoir "demandé de progresser sur le chemin des droits de l'homme". "La France reçoit un chef d'Etat qui a renoncé définitivement à la possession de l'arme nucléaire, qui a décidé de rendre les stocks sous contrôle des organisations internationales, qui a choisi de renoncer définitivement au terrorisme et qui a choisi d'indemniser les victimes", a-t-il dit.

Le président a indiqué qu'il "recevrait également les associations de victimes". "C'est la France qui a négocié la libération" des infirmières bulgares, et "sans cela, les malheureuses seraient toujours en prison", a encore insisté Nicolas Sarkozy.

La "realpolitik" de Nicolas Sarkozy, qui reçoit ce lundi le colonel Kadhafi pour une visite officielle de cinq jours en France, n'est pas du goût de tout le monde. Alors que le président a justifié la visite du chef d'Etat lybien samedi, la gauche et les associations de défense des droits de l'homme ont fustigé durant tout le week-end ce choix diplomatique. "Si nous n'accueillons pas des pays qui prennent le chemin de la respectabilité, que devons-nous dire à ceux qui prennent le chemin inverse?", avait déclaré le président en marge du sommet UE-Afrique.

Depuis Buenos Aires où il est en déplacement, François Fillon a déclaré que la France entendait désormais "parler à tout le monde" sans pour autant transiger sur ses principes. "Cette polémique est déplacée", affirme le Premier ministre. A l'inverse, la secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Rama Yade, s'est déclarée "dérangée" que Mouammar Kadhafi arrive à Paris un jour de célébration des droits de l'homme et a souhaité que cette visite soit l'occasion d'insister sur le respect de ces droits par la Libye, dans une interview publiée dans Le Parisien daté de ce lundi.

Mais pour le chef de l'Etat français, la visite du pésident libyen devrait se concrétiser par d'importants contrats. "Je souhaite que cette visite soit un succès, que nous arrivions à signer un certain nombre d'accords économiques", a déclaré Nicolas Sarkozy. En particulier sont attendus, pour plusieurs milliards d'euros, des achats d'Airbus, d'un réacteur nucléaire et d'équipements militaires, soit quelques 3 milliards d'euros de contrats. Envisagée après le déplacement du président de la république à Tripoli le 25 juillet, au lendemain de la libération de cinq infirmières bulgares et d'un médecin d'origine palestinienne, cette visite du colonel Kadhafi est sa première en France depuis 1973. Le chef d'Etat lybien doit avoir deux entretiens avec son homologue français.

L'opposition s'est élevée contre la présence en France d'un homme à qui elle reproche, depuis son arrivée au pouvoir en 1969, son implication dans des affaires de terrorisme. François Hollande, premier secrétaire du parti socialiste, estime que Nicolas Sarkozy va recevoir "un chef d'Etat qui justifie aujourd'hui le recours au terrorisme international", allusion à des propos tenus par le dirigeant libyen à Lisbonne vendredi.

Pour François Bayrou, président du Mouvement démocrate (MoDem), le recevoir est "indigne". Ségolène Royal juge quant à elle cette visite "intolérable" et "inadmissible". "Est-ce qu'il faut se mettre à genoux devant les intérêts financiers?", s'est-elle interrogée dimanche sur Canal Plus. Amnesty International a de son côté indiqué à Nicolas Sarkozy qu'il recevait un "dictateur".

Tripoli n'a pas caché sa satisfaction sur cette normalisation. "La visite du "Guide" à Paris montre que nous avons atteint le sommet de notre relation", a triomphé Seif el-Islam Kadhafi, fils du dirigeant lybien. Ce dernier sera notamment reçu à l'Assemblée nationale, même s'il ne bénéficiera pas du privilège d'une visite d'Etat. Le colonel Kadhafi doit également rencontrer des "intellectuels", des membres de la communauté africaine, à l'Unesco plusieurs centaines de femmes, visiter le célèbre château de Versailles et participer à une "partie de chasse".

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