La BCE laisse anticiper une hausse des taux en mars

Malgré la vigueur de la croissance européenne, Jean-Claude Trichet ne se laisse pas tenter par un resserrement monétaire dès le mois prochain. Son discours plaide clairement en faveur d'une hausse des taux en mars. L'euro s'inscrit au dessous de 1,29 dollar pour la première fois depuis novembre.

Dans le discours du président de la BCE aujourd'hui, c'est surtout ce qui était absent de ses propos qui en dit long sur ses intentions. Traditionnellement employé pour annoncer une hausse des taux lors de la prochaine réunion monétaire, l'expression de "forte vigilance" a en effet été omise. "La BCE va surveiller de très près les risques inflationnistes (...) Je ne vais pas contredire les attentes du marché sur une hausse des taux au premier trimestre", s'est contenté de déclarer Jean-Claude Trichet. Du coup, l'euro a reculé au dessous de 1,29 dollar pour la première fois depuis novembre.

Alors que la Banque centrale européenne a décidé aujourd'hui sans surprise de laisser son taux directeur inchangé à 3,5% - contrairement à la Banque d'Angleterre qui a relevé son taux directeur de 25 points de base, à 5,25% - les paroles de son président étaient cette après-midi passées au peigne fin.

En décembre, Jean-Claude Trichet n'avait pas délivré au marché un message très clair sur ses intentions, et les économistes étaient donc aujourd'hui tout à fait partagés entre un prochain mouvement de 25 points de base en février ou en mars. Mais le choix de la rhétorique de Jean-Claude Trichet laisse peu de doute: après avoir pris le rythme d'un tour de vis tous les deux mois depuis cet automne, la BCE revient à une cadence trimestrielle.

"Bien que certaines statistiques récentes permettent d'envisager une hausse des taux en février, nous tablons plutôt sur un prochain mouvement en mars", avait prédit avant la conférence Holger Schmieding, économiste chez Bank of America.

Parmi les statistiques qui encourageaient une hausse en février figure bien entendu la vigueur de la croissance allemande, publiée ce matin à 2,5% en 2006. Alors que le chômage n'a pas été aussi bas dans la première économie européenne depuis la réunification, le climat des affaires a atteint un plus haut depuis six ans en décembre. Par ailleurs, si l'inflation reste pour le moment maîtrisée, la masse monétaire n'a pas augmenté autant depuis 16 ans.

Sur les marchés à terme, les anticipations portent sur deux nouveaux resserrements monétaire d'un quart de point chacun avant septembre prochain. "Mais la BCE pourrait se montrer encore plus offensive, étant donné les publications systématiquement supérieures aux attentes depuis le début de l'année", indique David Mackie, économiste chez JP Morgan Chase, interrogé par l'agence Bloomberg à Londres.


Le slovène Mitja Gaspari siège à son premier conseil
Ce jour est à marquer d'une pierre blanche puisque le comité de la BCE accueillera un nouveau convive, le slovène Mitja Gaspari. Depuis le 1er janvier 2007, la Slovénie est le treizième Etat à être entré dans la zone euro. Mitja Gaspari, qui dirige la banque centrale slovène, siège donc aujourd'hui à son premier conseil de politique monétaire, auprès des douze autres gouverneurs et des six membres du directoire de la BCE. Originaire d'un pays traumatisé par des années d'hyper-inflation, le nouveau venu se range du côté des "faucons", c'est-à-dire ceux qui, au contraire des "colombes", sont enclins à sur-pondérer les risques inflationnistes par rapport aux risques qui pèsent sur la croissance.

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