Les fonctionnaires s'invitent au coeur de la campagne

La fonction publique française, qui emploie près d'un cinquième de la population active, s'impose comme un enjeu de la campagne électorale. Le débat porte sur la nécessité de supprimer des postes pour diminuer la dette publique.

Michel Sapin, nouveau secrétaire national du PS à l'économie, a qualifié ce jeudi de "supercherie" la promesse de Nicolas Sarkozy de ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite pour réduire la dette, car "il n'y a pas de relation entre les deux". "C'est simpliste, je dirais même: c'est simplet. C'est faire croire que l'endettement de la France des cinq dernières années (...) serait dû au nombre de fonctionnaires", a déclaré l'ancien ministre socialiste de l'Economie sur LCI. Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, avait exprimé la même critique récemment à l'encontre du candidat UMP à l'élection présidentielle.

Michel Sapin fait observer que depuis cinq ans, "le nombre de fonctionnaires a plutôt diminué" et que la dette, elle, "a explosé". Même si le PS s'engage à "rechercher l'efficacité de l'Etat", sa candidate Ségolène Royal se positionne en avocate du service publique. "On en a besoin dans l'école, on l'a vu, on en a besoin dans les quartiers (...) on en a besoin dans la santé (...). Une République qui recule sur son service public, c'est un système qui s'écroule, et c'est un système qui crée de la violence", a-t-elle déclaré sur TF1 lundi dernier.

A l'inverse, Nicolas Sarkozy juge donc que le nombre de fonctionnaires [5 millions] est "extrêmement préoccupant". Il compte, s'il est élu président de la République, ne remplacer qu'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite pour parvenir "au niveau de 1992". "Si on ne pose pas la question des effectifs et de leur diminution, on ne peut pas réduire l'endettement", a-t-il affirmé mercredi. Il cite ainsi l'exemple de la douane, qui, "avec 20.000 fonctionnaires, se trouve au même niveau d'effectifs qu'en 1980, alors qu'entre-temps, on a supprimé les frontières dans l'Union européenne".

Quant à François Bayrou, qui fait du désendettement de l'Etat une priorité, il envisage de "réduire le nombre de fonctionnaires dans les secteurs où l'Etat peut être plus léger qu'il ne l'est".

Entre 1992 et 2004, le nombre d'agents des trois fonctions publiques (d'Etat, territoriale et hospitalière) est passé de 4.330.398 personnes à 5.036.608, selon un rapport de la direction de la Fonction publique de juin 2006. Pour Jean-Marc Canon (CGT), l'augmentation des effectifs sur ces 20 dernières années est "proportionnellement inférieure à l'évolution de la population".

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