ABN Amro : l'hypothèse d'une contre-offre s'accélère

Les dirigeants de la banque batave s'apprêtent à recevoir le consortium mené par Royal Bank of Scotland. Tandis que de son côté Bank of America, s'estimant flouée par la décision du tribunal d'Amsterdam hier, poursuit ABN Amro devant un tribunal new-yorkais.

Au lendemain de la décision de justice interdisant à ABN Amro de céder la banque LaSalle sans avoir l'accord préalable de ses actionnaires, le processus s'accélère de tous côtés. La banque néerlandaise s'apprête en effet à rencontrer des représentants de Royal Bank of Scotland, Santander et Fortis, pour discuter de leur projet d'offre d'achat qui s'élève à 72 milliards d'euros.

Le groupe batave a précisé vendredi que la banque travaillait "de manière constructive et en bonne collaboration" avec le consortium. Des discussions qui selon elle n'excluent aucune autre offre alternative et qui ne l'empêchent pas de réaffirmer sa préférence pour l'offre de Barclays (à 67 milliards). Mais il est probable que ces discussions trouvent une issue avec le dépôt d'une offre d'ici à dimanche soir.

La décision du tribunal hier a provoqué un premier dommage collatéral pour ABN Amro. Bank of America n'a en effet pas attendu la fin de la période de dépôt d'une contre-offre sur LaSalle, dimanche soir 6 mai, pour prendre les devants et attaquer. S'attendant probablement à ce que le consortium adverse bouge ses pions de façon imminente, la banque américaine vient d'annoncer qu'elle venait de porter plainte contre ABN Amro devant un tribunal new-yorkais.

Dans un document de 20 pages, Bank of America estime être la victime de "faux" engagements et garanties de la part d'ABN Amro, la banque batave s'étant selon elle "injustement enrichie". D'une part, Bank of America assure que ABN Amro lui avait garanti que la cession de LaSalle ne nécessitait pas l'accord préalable des actionnaires. Par ailleurs, la banque américaine a le sentiment d'avoir servi de lièvre pour faire monter les enchères sur le prix de LaSalle, sa proposition étant fixée à 21 milliards de dollars (15 milliards d'euros).

La banque demande à une cour fédérale new-yorkaise d'empêcher la vente de LaSalle a tout autre acheteur qu'elle-même. Elle demande aussi des dommages et intérêts dont le montant n'a pas été précisé. Selon le Times du 30 avril, Bank of America aurait "menacé" ABN Amro d'exiger d'elle 220 milliards de dollars (plus de 10 fois le montant de la transaction) si elle n'était pas capable de respecter son engagement.

ABN Amro sera-t-elle déstabilisée? A l'issue de la décision du tribunal d'Amsterdam et malgré les pressions qui s'accumulent pour pousser au départ le président du directoire Rijkman Groenink, "un changement de direction n'a pas été envisagé", a précisé le porte-parole. Ce dernier, enfin, a refusé de dire si ABN Amro allait faire appel de la décision rendue hier, se contentant de dire que la banque étudiait les implications du jugement.

L'annonce d'hier soir a constitué une claire victoire pour les actionnaires d'ABN Amro. Le tribunal de commerce d'Amsterdam a en effet infligé un sérieux revers au projet d'achat de la banque néerlandaise par le britannique Barclays, en gelant la cession prévue de la filiale américaine d'ABN, LaSalle, à Bank of America, interdite sans le vote préalable des actionnaires. "La chambre de commerce interdit à ABN Amro (...) de procéder (...) ou de collaborer à l'exécution de l'accord d'achat" de LaSalle signé avec Bank of America, sans qu'au préalable les actionnaires aient pu voter à ce sujet, a ainsi indiqué le président du tribunal Huub Willems, estimant que cet accord lésait les intérêts des actionnaires de la banque néerlandaise.

La procédure en référé a été initiée par une plainte de l'association d'actionnaires néerlandaise VEB, réclamant un vote sur la vente de LaSalle, qu'elle qualifie de "transaction majeure". Elle accuse en outre la direction d'ABN Amro d'avoir organisé la vente séparée de LaSalle afin de barrer la route au consortium, dont l'offre est considérée par nombre d'actionnaires comme bien plus intéressante.

La direction d'ABN Amro a annoncé le 22 avril avoir trouvé un accord avec Barclays pour un rachat financé par échange d'actions qui valorisait le groupe à 67 milliards d'euros, un montant sans précédent dans le secteur. Mais Barclays avait conditionné son offre à la vente de LaSalle à Bank of America pour 21 milliards de dollars (15,5 milliards d'euros) alors que RBS notamment n'a jamais caché son vif intérêt pour LaSalle.

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