Danone vend ses biscuits à Kraft Foods pour 5,3 milliards d'euros

Le géant français de l'agroalimentaire et le groupe américain Kraft Foods sont en discussions exclusives pour la cession des activités biscuits de Danone. Kraft Foods s'engage à ne pas faire de restructuration dans un délais d'au moins trois ans après la signature de l'accord, qui doit être conclu d'ici à la fin d'année.

La fin d'une époque. Danone a annoncé ce matin être entré "en discussions exclusives avec Kraft Foods sur l'offre de rachat de son activité Biscuits et Produits céréaliers". Danone affirme que son conseil d'administration a décidé le 3 juillet "d'étudier de manière exclusive l'offre de rachat de son activité biscuits et produits céréaliers, transmise par Kraft Foods le 2 juillet".

Cette offre, d'un montant de 5,3 milliards d'euros, concerne un chiffre d'affaires consolidé d'environ 2 milliards d'euros réalisé dans 20 pays. Elle exclut les activités de Danone dans les biscuits en Amérique Latine (Bagley) et en Inde (Britannia).

Le prix mentionné dépasse nettement les attentes: les analystes tablaient sur un prix de vente de l'ordre de 4 milliards d'euros. Les deux groupes envisagent de parvenir à un accord définitif durant le dernier trimestre de l'année.

Alors que les personnels de la division biscuits ne cachent par leur inquiétude face à la perspective d'une telle cession, Danone affirme que "l'offre de Kraft Foods représente une forte opportunité stratégique et industrielle pour l'activité Biscuits et Produits Céréaliers. Son avenir serait en effet consolidé au sein d'un groupe qui entend placer ce métier au coeur de sa stratégie et envisage d'y investir durablement'.

La direction de Danone estime "déterminant le fait que Kraft Foods dispose aujourd'hui dans les Biscuits et les Snacks de positions géographiques très complémentaires de celles de Danone et qu'il intègre dans son offre deux éléments importants: d'une part, le maintien des activités européennes de la division Biscuits et Produits Céréaliers du Groupe Danone dans une entité européenne distincte dont le siège sera en France et qui restera pilotée par l'équipe de management actuelle, dirigée par Georges Casala; de l'autre l'engagement de n'annoncer aucune fermeture de site industriel en France dans les trois ans suivant la signature définitive des accords".

Recentrage des activités

Face aux interrogations sur la stratégie du groupe agroalimentaire français, Danone précise vouloir "intensifier sa stratégie de croissance et son leadership dans la santé active". Cité dans le communiqué, Franck Riboud, PDG du groupe, estime que "cette opération donnerait l'opportunité au groupe de focaliser totalement ses efforts de recherche et d'innovation ainsi que ses moyens marketing, industriels, commerciaux et humains sur la croissance rapide de deux métiers à très forte dimension santé: les produits laitiers frais et les boissons à base d'eau de source ou d'eau minérale. Nous possédons en effet dans ces deux catégories des avantages compétitifs uniques que la focalisation nous permettrait de renforcer encore de manière significative".

"Cette cession s'explique par le fait que nous voulons accélérer le développement des produits à très forte connotation santé", commente Franck Riboud, qui confirme le recentrage du groupe entrepris de longue date sur les boissons et eaux, et sur les produits frais. "Céder les biscuits est une action de focalisation", ajoute le PDG du groupe d'agroalimentaire lors de la conférence de presse.

"Cette opération est positive pour Danone, pour les biscuits et pour Kraft Foods", poursuit Franck Riboud, qui cherche surtout à rassurer sur la pérennité de l'activité au sein du géant américain. "Les Biscuits de Danone vont s'inscrire dans un stratégie au coeur d'un leader mondial des biscuits. La complémentarité entre LU et Kraft Foods est totale", insiste Franck Riboud. "Il s'agit d'une opération de développement", martèle-t-il.

"Emotion sociale"

Le patron de Danone n'oublie pas que l'aspect social des biscuits LU est majeur dans la réussite de l'opération, et dans le choix de l'acquéreur. "Je n'ai pas oublié l'émotion suscitée par l'opération de restructuration" faite en 2001, précise le PDG.

A ce sujet, Danone s'est voulu très rassurant. Franck Riboud a ainsi affirmé que l'accord de rachat par Kraft Foods comprend un "engagement contractuel" qui stipule que l'Américain ne peut entamer de restructuration pendant un délai d'au moins trois ans. Kraft Foods s'engage également à ne pas délocaliser le siège de l'activité biscuits.

L'opération ne sera bouclée qu'au terme des négociations avec les syndicats. Ces derniers redoutent d'ailleurs une "nouvelle casse sociale" qui menacerait les 3.000 salariés de cette entreprise.

De son côté, Irene Rosenfeld, directrice générale de Kraft Foods a souhaité rassurer les salariés. "Nous nous engageons à ne fermer aucun site dans un délai d'au moins trois ans", précise-t-elle.

Un impact dilutif en 2008

Avant l'annonce de cette opération, le titre Danone avait été suspendu de cotation, ce matin, à Paris. A la reprise de cotation, le titre bondissait de près de 4%. En milieu de matinée, l'action gagnait 3,28%, à 62,95 euros. Ce malgré le fait que le groupe annonce un impact dilutif de l'ordre de 5% (maximum) sur son bénéfice net, en 2008. "Cet impact dilutif est attendu en cas de non réinvestissement du cash ou en cas de non rachat d'action", explique Antoine Giscard D'Estaing, directeur financier du groupe.

En revanche, la hausse du cours s'explique par le fait que Danone devrait profiter à terme d'une accélération de sa croissance et de ses marges. La croissance du chiffre d'affaires devrait ainsi être de 7 à 9% annuellement, et le groupe confirme ses objectifs en termes de croissance des marges.

Acquisitions en vue

Danone s'est par ailleurs voulu très discret sur la manière dont il allait "dépenser" cet argent. "Tout reste ouvert, nous pouvons rendre le cash aux actionnaires, ou bien investir dans un opération de croissance externe", explique Antoine Giscard d'Estaing.

Franck Riboud a toutefois laissé entendre qu'une acquisition pourrait faire du sens, mais a exclu de réaliser "une grosse acquisition".


Biscuits: 15.000 salariés, un chiffre d'affaires de 2 milliards d'euros
L'activité Biscuits et Produits Céréaliers de Danone revendique une position de leader dans une vingtaine de pays. Employant près de 15.000 personnes, elle dispose de 36 usines à travers le monde. Avec des volumes vendus en 2006 de 660.000 tonnes, le chiffre d'affaires s'est élevé à 2 milliards d'euros, le résultat opérationnel courant atteignant 318 millions d'euros. Cette branche comprend LU, Petit Déjeuner, Cracotte, Ourson, Mikado, Pepito et Tuc, sans compter de nombreuses marques locales fortement implantées.

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