Le nouveau déblocage de la participation très critiqué

L'Association française de la gestion financière (AFG) estime que ce déblocage aura les mêmes conséquences qu'en 2004, à savoir que 80% des fonds débloqués seront épargnés, les 20% consommés allant creuser le déficit commercial. La CFE-CGC est aussi réservée sur cette initiative.

Dans son intervention télévisée, Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il voulait débloquer "les fonds de participation (...) dans les six mois qui viennent pour remettre du carburant dans la croissance française et du pouvoir d'achat", indiquant ensuite que les sommes débloquées seront soumises à un plafond de 10.000 euros. Ephraïm Marquer, directeur de l'AFG, constate avec un certain fatalisme que les arguments développés ces dernières semaines par l'Association française de gestion financière pour tenter de faire reculer les pouvoirs publics sur cette question n'ont pas été entendus. A l'AFG, on doute de l'efficacité macro-économique d'un tel dispositif. Ephraïm Marquer rappelle que lors des précédents déblocages de participation (2004 et 2005) "80% des sommes débloquées ont en fait été déplacées sur d'autres produits". Quant au 20% consommés, ils ne viennent pas doper la croissance au contraire, puisqu'ils "correspondent à des pics dans la dégradation du déficit commercial".

Au-delà des doutes que l'AFG entretient sur l'efficacité économique de cette mesure, Ephraïm Marquer estime que "la vraie question est, notamment pour les moins de 45 ans, celle de l'arbitrage entre un désir de consommation immédiate et la nécessité de s'inscrire dans une démarche d'épargne retraite".

Ce scepticisme est partagé par la CFE-CGC qui "regrette" le déblocage des fonds de participation dans les six prochains mois, a déclaré son secrétaire national pour l'économie. Pour Jean Conan, cette annonce a été le "faux-pas de la soirée" et cette disposition ne va pas dans le sens "de la cohérence de l'épargne". Ce déblocage va "autoriser les salariés à consommer immédiatement des sommes qui normalement sont bloquées pendant cinq ans et qui sont un outil de constitution d'une épargne de précaution". Plus sévère encore, pour Michel Lamy, autre responsable de la CFE-CGC, membre du conseil supérieur de la participation, la décision de Nicolas Sarkozy "est une technique de pickpocket". "On laisse entendre aux Français qu'on va leur donner du pouvoir d'achat en plus, mais en fait on pique dans leur épargne, on les autorise à piquer dans leur épargne pour se donner ce pouvoir de consommation".

Selon Nicolas Sarkozy, les fonds de la participation représenteraient 12 milliards d'euros. Ils sont normalement bloqués cinq ans minimum, sauf circonstances exceptionnelles (mariage, acquisition de résidence principale...). En contrepartie, ils sont exonérés des charges sociales et de l'impôt sur le revenu. Seules les entreprises de plus de 50 salariés sont obligées de mettre en place de tels dispositifs. Selon les derniers chiffres, 53% des salariés avaient accès à un dispositif d'épargne salariale (participation et/ou intéressement). Nicolas Sarkozy a souhaité que dans les entreprises de moins de cinquante salariés, où il n'y a pas de participation, les éventuelles primes aux salariés "puissent être défiscalisées de cotisations sociales".

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