La presse maudit l'organisation défaillante du G8

Catastrophique, ubuesque, lamentable... Une pluie de jugements négatifs à propos de l'organisation du travail pour la presse a été entendue ces deux derniers jours de la bouche de journalistes de la terre entière venus suivre le sommet du G8 au bord de la Mer Baltique. Un mauvais point pour la présidence allemande.

Du jamais vu ! Les vieux routiers du métier rompus aux grand-messes médiatiques du G8 n'en sont pas encore revenus. Pour des raisons tenant à la fois à la sécurité et à l'espace réduit à proximité du "sanctuaire" des chefs d'Etats situé dans le complexe de l'hôtel Kempinski à Heiligendamm, le quartier général de la presse a été installé à six kilomètres de distance dans la vile voisine de Kühlungsborn. Près de 4.000 journalistes présents s'y massent dans des espaces de travail certes confortables, aux mensurations plus vastes que les salles de marché de banques internationales. Au moins la liaison Internet fonctionnait et les à-côtés notamment culinaires et désaltérants ne manquent jamais.

Les conférences de presse se tiennent en revanche dans un centre de presse annexe situé à Heiligendamm, à un jet de pierre de la grand-messe des chefs d'Etats. Pour s'y rendre, un parcours d'un quart d'heure à peine en empruntant "Molli", l'attraction touristique locale sous la forme d'un train touristique tracté par une locomotive à vapeur crachant généreusement ses kilogrammes de CO2. Sa capacité de 400 personnes et un départ tous les trois-quarts d'heure ont été jugées suffisantes par l'hôte allemand pour réguler le flux des journalistes désirant transiter vers l'épicentre du sommet.

Les choses se sont gâtées avec les blocages répétitifs de la voie ferrée par des manifestants anti-G8. Curieusement, le corridor ferroviaire n'a pas été sécurisé en amont du périmètre bouclé par une imposante barrière hérissée de fil barbelé... Débordé, l'hôte organisateur doit alors employer des chemins détournés, d'abord via un transfert en mer dans des bateaux de la marine allemande ne pouvant accueillir chacun qu'une quarantaine de passagers.

Et quand la houle devient trop forte, obligeant les bateaux à rester à quai, les plus courageux doivent emprunter des hélicoptères servant d'ordinaire pour le transport de troupes terrestres. Dans les deux variantes, des heures perdues dans des transferts en bus, attentes et contrôles de sécurité sans fin. Le soleil au moins n'aura pas manqué au rendez-vous : "Si la pluie était tombée, cela aurait été encore plus la catastrophe", rumine un journaliste.

Une fois parvenu à Heiligendamm, le centre de presse annexe se résume à plusieurs salles devant abriter des conférences. Pas ou presque de local proposant des bureaux et prises de courant. Les plus débrouillards se réfugient au café de la petite gare pittoresque attenante, ou débranchent les fontaines à eau électriques installées dans les couloirs du centre pour y connecter leurs ordinateurs dont la batterie arrive en bout de course. il y règne comme une atmosphère de hall d'aéroport un jour de grève... Au final, un mauvais point décerné à la présidence allemande... mais pas forcément pour la côte baltique enchanteuse. Plusieurs journalistes tombés sous le charme de la station balnéaire de Kühlungsborn ont déclaré vouloir y revenir pour des prochaines vacances.

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