Comment vivre avec le poids d'Auschwitz quand on est Allemand(e)? Pour répondre à cette question, la biographe - car tel est son métier - Evelyne Bloch-Dano a entremêlé le portrait de deux femmes, sa propre mère et Romy Schneider (1938-1981).

Juive, Edith Hanau, sa mère donc, a grandi à Gerolstein, menant une enfance paisible. Jusqu'à ce jour de 1936 où, adolescente, elle a dû fuir l'Allemagne avec les siens. Direction la France. Cachée par des paysans de la Vienne pendant l'occupation, elle échappe à la déportation. Quand la Libération arrive, Edith Hanau n'hésite pas à endosser l'uniforme français pour retourner triomphante dans son pays. Il est en ruine. Hitler s'est suicidé. Mais elle, elle est bien vivante. Les nazis ont perdu.

Née en septembre 1938, entre l'Anschluss et la Nuit de Cristal, Romy Schneider, elle, a grandi à quelques centaines de mètres de Berchtesgaden, le nid d'aigle d'Hitler que fréquentait régulièrement sa mère, la comédienne Magda Schneider. Une enfance paisible et heureuse pendant laquelle la petite Romy n'a manqué de rien. Jusqu'au jour où, devenue actrice célèbre, elle s'est prise l'histoire de son pays en pleine figure. Dès lors, la comédienne n'a cessé de chercher comment expier la faute de ses parents, à travers ses films ou ses amours.

En confrontant ces destins si différents et pourtant semblables, l'auteur renoue avec ses propres racines. Au final, cette double biographie, portée par une écriture fluide et rythmée, s'impose comme un formidable autoportrait.


"La biographe" d'Evelyne Bloch-Dano. Editions Grasset, 238 pages, 16,90 euros