Washington finalise avec Séoul son second plus important accord de libre-échange après l'Aléna

Avec 74 milliards de dollars d'échanges l'an dernier, le commerce entre les deux pays est déjà très florissant. Face à un Congrès réticent, George Bush poursuit sa politique de libre-échange tous azimuts.

Les négociateurs américains et sud-coréens se sont entendus lundi à Séoul sur un accord de libre-échange, le plus important depuis l'Accord nord-américain de libre-échange (Aléna), conclu en 1993 par les Etats-Unis avec le Canada et le Mexique, a annoncé ce lundi Steven Norton, porte-parole de la représentante américaine pour le Commerce (USTR). La télévision sud-coréenne d'information continue précise que l'entente a été annoncée par le ministre du Commerce, Kim Hyun-chong, au président Roh Moo-hyun.

De difficiles négociations duraient depuis dix mois. Un accord devait initialement être signé vendredi mais cette date-butoir avait été repoussée de 48 heures. Selon ses défenseurs, l'ouverture des frontières entre les Etats-Unis et la Corée du Sud devrait donner un coup de fouet aux échanges déjà importants entre les deux pays (74 milliards de dollars l'an dernier). Le montant des échanges pourrait même croître de 15 milliards de dollars.

L'accord a cependant suscité de nombreuses critiques en Corée du Sud, en particulier d'agriculteurs. Dimanche, un manifestant sud-coréen s'est immolé par le feu devant l'hôtel de Séoul où se déroulaient les discussions, a indiqué la police.

Il s'agit de la première entente du genre entre les Etats-Unis et une importante économie d'Asie. La Corée du Sud, septième partenaire commercial des Etats-Unis, est la onzième puissance économique mondiale et la troisième en Asie.

Les Etats-Unis comptent sur cet accord pour réduire leur déficit commercial avec Séoul, qui a atteint 16 milliards de dollars en 2005. Plus de 80% de ce déficit provient des échanges dans l'automobile. La Corée a vendu 800.000 véhicules tandis que les Américains en ont vendu 4.000 en Corée. Séoul a accepté de modifier ses barrières douanières basées sur la puissance des moteurs, ce qui défavorise les voitures américaines.

Globalement, l'accord prévoit l'élimination immédiate de près de 90% des droits de douane sur les produits industriels, le reste devant être supprimé d'ici quinze ans, a indiqué le négociateur en chef de la Corée du Sud, Kim Jong-hoon. La Corée du Sud, dont le parlement doit ratifier l'accord, a en revanche réussi à exclure de l'accord l'ouverture de ses frontières au riz américain bon marché.

Les Etats-Unis ont cependant obtenu l'ouverture des frontières sud-coréennes au boeuf américain. Séoul a promis d'éliminer ses droits de douane de 40% sous dix ans, selon des responsables sud-coréens. Pour la Corée du Sud, l'entente va représenter un avantage majeur par rapport aux autres géants d'Asie, Japon, Taïwan et Chine, selon les analystes.

Le président Bush s'est empressé de louer un accord qui "va générer des occasions d'exportations pour les agriculteurs, les industriels et les fournisseurs de service américains". L'entente va "promouvoir la croissance économique et la création d'emplois mieux rémunérés aux Etats-Unis et permettre aux consommateurs de faire des économies tout en disposant d'un choix accru", a assuré George Bush dans une lettre aux dirigeants du Sénat et de la Chambre des représentants. Le président s'est montré déterminé à faire approuver l'accord au plus vite par le Congrès, ce qui ne va pas de soi depuis que les Démocrates ont pris le contrôle de la Chambre des représentants.

L'administration américaine avait jusqu'à ce dimanche (ce lundi en Corée) pour informer le Congrès des accords commerciaux qu'elle entend signer dans le cadre des pouvoirs de négociations spéciaux dont elle jouit actuellement au titre de la loi dite TPA (Trade Promotion Authority). Cette autorité, dite "fast track" ("voie rapide"), permet au président Bush de négocier des accords que le Congrès ne peut qu'approuver ou rejeter en bloc, sans en amender les dispositions. Elle expire le 1er juillet. Compte tenu du délai imposé de 90 jours pour l'examen parlementaire, les négociateurs américains et sud-coréens étaient tenus de s'entendre dimanche au plus tard.

Le président américain ne pouvait se permettre un nouvel échec, selon les observateurs, car il aurait été de mauvais augure pour les accords de libre-échange qu'a déjà conclus l'administration et qui attendent l'approbation du Congrès, dorénavant contrôlé par les démocrates. Un échec aurait également pu miner les négociations internationales en cours, dites du "cycle de Doha", pour la libéralisation du commerce mondial.

George Bush presse le Congrès de renouveler l'autorité "fast track". Trois accords conclus avec la Colombie, le Panama et le Pérou attendent une approbation par le Congrès. Le président Bush a notifié vendredi matin au Congrès son intention de signer l'accord avec le Panama, déclenchant l'examen parlementaire de 90 jours, a indiqué la Maison Blanche. Mais l'action de Bush en faveur du libre-échange se heurte aux fortes réticences des démocrates, qui réclament plus de dispositions sociales ou environnementales.

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