Est-ce le rapport du FMI prônant une baisse de 10% du dollar pour résorber en partie le déficit de la balance commerciale américaine et publié ce matin? Est-ce simplement parce que les traders, sur les marchés de change, rongeaient leur frein depuis quelques semaines, à mesure que les mauvaises nouvelles sur l'économie américaine s'accumulaient?

On le sait, la psychologie, sur le marché des changes, est importante, et il suffit d'un déclencheur pour que les professionnels se mettent à acheter ou à vendre en masse. C'est ce qui s'est passé dans l'après midi: sous l'effet d'un afflux de transactions, l'euro s'est envolé face au billet vert, pour atteindre un plus haut à 1,3435 dollar. Un niveau que la monnaie unique n'avait pas atteint depuis mars 2005.

Au-delà de la psychologie, les acteurs sur le marché ont quelques raisons de pencher en faveur de l'euro. Toutes proportions gardées, l'économie européenne se porte relativement bien, et en tout cas, elle ne déçoit pas autant que la performance américaine. Au zénith jusqu'à l'an dernier, l'activité économique outre-Atlantique ne cesse d'être attaquée par la morosité, distillée en particulier par la correction sur le marché de l'immobilier.

Dans ces conditions, l'affaire est mécanique: la Réserve Fédérale américaine aura en effet du mal à justifier, en plein ralentissement économique, un relèvement de ses taux directeurs. En revanche, la Banque Centrale européenne jure de continuer à lutter contre tout regain d'inflation en relevant ses taux. Du coup, la rémunération de l'euro, même si elle est encore défavorable par rapport à celle sur le dollar (3,75% pour les taux directeurs de la BCE, contre 5,25% pour les taux de la Fed) est attendue en hausse, avec un taux de 4% à la fin de l'année. De quoi nourrir la spéculation.