![Des étudiants en apprentissage](https://static.latribune.fr/full_width/2375035/des-etudiants-en-apprentissage.jpg)
La prime de 6 000 euros dont bénéficient les entreprises qui embauchent un apprenti tiendra-t-elle jusqu'en 2027 ? Emmanuel Macron s'y est engagé, mais la situation catastrophique des dépenses publiques pourrait l'amener à passer un coup de rabot avant l'heure.
Aussi, pour le budget 2025, plusieurs pistes sont à l'étude : la première consiste à moduler le montant de la prime en fonction du niveau de diplôme des jeunes, pour encourager l'embauche des moins qualifiés. Par exemple, il serait de 6 000 euros pour le recrutement d'un alternant niveau CAP, de 5 000 pour un bac pro, de 4 000 pour un bac+2, etc. « Aujourd'hui, il y a des effets d'aubaine évidents à soutenir l'apprentissage des plus diplômés, qui n'ont pas de difficultés particulières à s'insérer sur le marché du travail, indique le député Renaissance Marc Ferracci. En pleine guerre des talents, même sans coup de pouce, les entreprises les embaucheront... »
Le patronat réticent
Autre option sur la table : différencier les montants de la prime en fonction, cette fois, de la taille des entreprises. Avec cet argument : les grands groupes comme Total, Stellantis, Airbus, qui engrangent de très bons résultats, n'ont pas besoin de recevoir un soutien de l'État pour recruter. L'objectif serait alors de réserver cette aide aux plus petites entreprises, probablement jusqu'à 250 salariés.
Quelle que soit la formule retenue, elle braque le patronat. « S'en prendre à l'apprentissage n'est pas une bonne idée tant les formations en alternance sont plébiscitées par les jeunes comme par les entreprises », s'insurge la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME). Preuve en est, l'envolée du nombre de contrats ces dernières années. Depuis la création de l'aide en 2019, la tendance s'est inversée. Certes, la CPME reconnaît « la nécessité de réduire les dépenses publiques », mais elle appelle le gouvernement « à cibler celles dont l'utilité n'est pas prouvée ».
Le patronat est d'autant plus inquiet que, début mai, par décret, le gouvernement a déjà supprimé la prime pour les contrats de professionnalisation. « Mise en place de manière exceptionnelle pendant le Covid, elle n'avait pas vocation à être pérenne », se justifie le cabinet de la ministre du Travail, Catherine Vautrin.
Un demi-milliard à dégager
Par ailleurs, en ce moment, la Macronie semble peu sensible aux mises en garde du Medef ou de la CPME. « On ne peut pas compter sur eux, alors qu'on les a tellement aidés au moment du Covid, de la crise de l'énergie, s'agace un ministre de poids. On les entend peu sur la prochaine réforme de l'assurance chômage, ils ont à peine pris position sur la loi immigration, idem pour la réforme des retraites... »
L'argument budgétaire pourrait l'emporter « Aujourd'hui, l'enveloppe totale des aides à l'embauche via l'apprentissage s'élève à 4 milliards d'euros, il y a moyen de baisser intelligemment la facture ! » assure le député Marc Ferracci. Dans la loi de finances 2025, le gouvernement viserait au moins 500 millions d'euros d'économies sur ce poste. Et qu'en est-il de l'objectif fixé par Emmanuel Macron d'avoir un million d'apprentis par an à partir de 2027 ? L'exécutif fait le pari que, même en réduisant son soutien, il sera atteint sans difficulté.