Pékin ne parvient toujours pas à maîtriser sa croissance

Les autorités viennent d'annoncer la neuvième hausse du taux des réserves obligatoires des banques depuis le début de l'année. En octobre, les exportations ont battu un nouveau record, tandis que l'inflation et les investissements étrangers continuent d'augmenter.

Pour la neuvième fois depuis le début de l'année, la Banque populaire de Chine a annoncé ce samedi qu'elle allait relever fin novembre le taux des réserves obligatoires des banques commerciales, afin d'empêcher une surchauffe de l'économie dont le taux de croissance a atteint 11,5% au troisième trimestre. En plein reflux boursier, l'annonce est osée et n'a pas manqué de contribuer à la baisse des cours des actions. Mais pour le gouvernement, le risque de surchauffe économique est sans doute plus à craindre que celui d'un réajustement de l'indice boursier.

Il y a quelques heures seulement, Pékin a annoncé un nouvel excédent commercial mensuel record, en octobre. Cette nouvelle performance risque de tendre plus encore les relations de l'empire du Milieu avec ses partenaires commerciaux qui s'inquiètent du creusement de leur déficit avec la Chine. Parmi eux, l'Europe va dépêcher à la fin du mois une délégation composée des hauts dirigeants économiques pour protester contre la faiblesse du yuan. Le record commercial chinois a atteint 27,05 milliards de dollars, en hausse de 13,5% sur un an, selon les chiffres du commerce extérieur publiés par les Douanes. Au total, sur dix mois, l'excédent se monte à 212,4 milliards de dollars, soit une augmentation de 59% sur un an, dépassant déjà le record établi en 2006 (177,5 milliards de dollars).

Maigre consolation pour l'Europe et les Etats Unis, les mesures macroéconomiques du gouvernement en faveur d'une croissance moins déséquilibrée, visant à avoir moins d'exportations et plus de consommation intérieure, "commencent à porter leurs fruits", a affirmé l'administration douanière. Pour étayer son propos, elle souligne qu'en octobre le rythme des exportations a été moins rapide qu'en septembre (+22,3% contre +22,8%) et celui des importations plus élevé (+25,5% contre +16,1%). Un avis partagé par les analystes de Goldman Sachs, selon lesquels "la forte croissance des importations reflète un moment de forte consommation intérieure".

Autre facteur de surchauffe de l'économie chinoise, les investissements directs étrangers (IDE) ont augmenté de 11,15% sur les dix premiers mois de l'année par rapport à la même période l'an passé. Ces dépenses ont atteint 54 milliards de dollars, selon le ministère du commerce. Pour le seul mois d'octobre, les IDE ont toutefois reculé de 13,8% à 6,78 milliards de dollars. Il faut rappeler que depuis plusieurs mois, la Chine impose désormais des limites aux investissements ne correspondant plus au modèle de développement qu'elle veut promouvoir, plus axé sur les industries non polluantes ou les énergies renouvelables. Elle a aussi récemment décidé de limiter ou interdire l'apport des capitaux étrangers dans des secteurs considérés comme en surchauffe ou l'exploitation de certains minéraux par exemple.

Il n'en reste pas moins qu'avec l'excédent commercial record qu'elle vient encore d'enregistrer, la Chine voit ses réserves de change continuer d'exploser. Elles sont devenues début 2006 les premières au monde et dépassent désormais 1.430 milliards de dollars.

Un malheur n'arrivant jamais seul, ces réserves pléthoriques alimentent le vif accroissement de la masse monétaire chinoise. En octobre, celle-ci a augmenté de 18,47% par rapport à la même période il y a un an, au-delà des prévisions des économistes et surtout au-delà du plafond que s'est fixé la Banque populaire (16%).

Très logiquement, l'inflation est restée très soutenue. Les prix à la production (sortie d'usine) ont cru de 3,2% en octobre, a indiqué le Bureau national des statistiques chinois. Ils avaient augmenté de 2,7% en septembre. L'envolée du prix du pétrole brut (4,2%), mais aussi celle des denrées alimentaires (8,6%) ainsi que la hausse du coût du travail poussent les prix à la consommation à la hausse. Ils ont déjà atteint un record depuis une décennie et pourraient avoir augmenté de 6,3% en octobre, selon un sondage effectué par Bloomberg dans l'attente du chiffre dont la publication est prévue pour ce mardi.

Pourtant le pouvoir ne ménage pas sa peine. Outre la hausse du taux des réserves obligatoires, il a également eu recours à l'arme des taux d'intérêt pour contenir les poussées inflationnistes ces derniers mois. Depuis le début de l'année, les taux d'intérêt ont déjà été relevés cinq fois. Un constat d'impuissance ?

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