Crise du subprime : les trois facteurs aggravants

Endettement élevé, surtout à taux variable, investissements importants dans l'immobilier en raison de la hausse des prix de la pierre et niveau de chômage significatif : voilà qui pourrait transformer la crise financière et boursière actuelle en cris économique.

C'est un membre de la Fed, la Federal Reserve américaine, plus grande banque centrale du monde, qui l'a dit récemment : la crise financière et boursière qui a éclaté cet été à cause des excès du subprime, ces prêts immobiliers à risque aux Etats-Unis, peut être aggravée si se conjuguent trois éléments : un endettement élevé des particuliers à taux variable, un poids important de l'immobilier dans la richesse, réelle ou virtuelle, des ménages, et un niveau significatif de chômage.

Cela a fait tilt dans ma tête. Car il y a un an et demi, au Forum économique mondial 2006 de Davos (le WEF, world economic forum qui réunit tout ce qui compte sur la planète en chefs d'entreprises, grands banquiers et responsables politiques), un des plus grands banquiers français, encore aujourd'hui à la tête d'un très grand établissement financier tricolore - voilà pourquoi je conserve son anonymat - m'avait cité exactement ces trois points comme possible point de départ d'une crise "systémique", c'est-à-dire capable de menacer l'ensemble de la finance et de l'économie mondiales.

Risque du taux variable parce que si les banques centrales peuvent être tentées de réinjecter des liquidités en période de crise financière, elles ont aussi le réflexe de resserrer le coût du crédit pour éviter les dérives inflationnistes dans la foulée.
Immobilier parce qu'une crise a tendance à mettre fin aux excès des envolées du prix de la pierre, diminuant ainsi la valeur des biens et l'effet "richesse" chez les ménages qui ont investi dans l'immobilier. Aux Etats-Unis, le système permet même d'obtenir de l'argent de son banquier sur la seule base de la réévaluation du prix de sa maison ou de son appartement sans avoir besoin de le vendre pour autant.
Et chômage parce que ce double effet d'appauvrissement (endettement accru avec la hausse des taux et baisse des prix de l'immobilier) peut fragiliser l'économie avec un effet boule de neige sur la consommation quand les gens perdent leur emploi.

Et que constatons nous sur la planète ? Deux grandes économies paraissent en partie répondre à cette situation : les Etats-Unis (à ceci près que si le pays de l'oncle Sam commence à détruire des emplois plutôt qu'à en créer, il conserve encore un taux de chômage peu élevé) et l'Espagne même si la croissance de cette dernière l'a jusque là assez bien protégée. On pense aussi au Royaume-Uni mais là encore, le taux de chômage est particulièrement bas et semble constituer un solide bouclier.

Sans parler de crise systémique, gardons donc un oeil sur l'Amérique et sur le grand voisin hispanique. Tous deux sont plus fragiles que d'autres aux conséquences à long terme de la crise actuelle. Certains outre-Atlantique, considérant le moyen terme, commencent même à prononcer le mot tabou : "récession".

Et n'oublions pas la France où, certes, on emprunte quasi exclusivement à taux fixe, mais où le chômage est beaucoup plus élevé que chez la plupart de nos voisins et où les prix de l'immobilier ont flambé ces dernières années mais commencent à ralentir, soulignant les excès de cette inflation
de la pierre.

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