EADS pourrait redistribuer l'argent des dividendes aux salariés d'Airbus

Afin de déminer la situation sociale plus que tendue sur les sites d'Airbus -notamment en France à Saint Nazaire et à Nantes- EADS, maison mère de l'avionneur, envisage de redistribuer une partie de son dividende 2006 aux salariés d'Airbus, rapporte le Wall Street Journal mardi, citant Louis Gallois, président d'Airbus.

Interrogé lundi à Toulouse, Louis Gallois a laissé entendre qu'il pourrait utiliser tout ou partie du dividende auquel Lagardère et l'Etat français ont renoncé vendredi lors de l'assemblée générale des actionnaires pour le distribuer aux salariés d'Airbus. "C'est une possibilité", a-t-il dit, sans plus de précision. Cette déclaration a été confirmée mardi par une porte-parole d'Airbus, sans autre commentaire.

Les actionnaires d'EADS ont voté, le 4 mai, en faveur du versement d'un dividende de 0,12 euro par action, alors que le conseil d'administration du groupe n'avait fait aucune recommandation en la matière. Le versement d'un dividende a été vigoureusement dénoncé par les syndicats d'Airbus, sur fond de crise sociale provoquée par le plan "Power 8" et les indemnités de départ de 8,5 millions d'euros accordées à Noël Forgeard, ancien co-président d'EADS considéré comme étant responsable des ratés de l'A380.

Arnaud Lagardère, co-président du conseil d'administration d'EADS, avait affirmé qu'en cas de vote favorable à un dividende, le groupe éponyme qu'il dirige (qui détient 15% des actions EADS dont 7,5% en cours de cession) reverserait l'argent perçu à EADS. Il avait ajouté que l'Etat français - qui détient 15% d'EADS et qui s'est dit opposé au versement d'un dividende - ferait de même.

Dans les usines Airbus de Nantes et Saint-Nazaire, la décision d'un versement du dividende a été très mal perçue. Certains salariés n'ont pas hésité à parler de "provocation". "Ça va faire grandir le mécontentement : toute l'année, on demande des efforts aux salariés, on les récompense avec des miettes et ce sont les actionnaires qui se partagent le gâteau (...) Tout cela devient aberrant, après le parachute doré de Forgeard, on voit quelle est la stratégie des actionnaires", a déclaré Christian Caillé, secrétaire de la CGT à Airbus Saint-Nazaire.

Un mouvement de grève à Saint-Nazaire a commencé le 27 avril, après la décision de ne pas accorder de prime d'intéressement au titre de l'exercice 2006 et ramener la prime de participation à cinq euros en moyenne. Face à la grogne, la direction de l'avionneur européen a proposé jeudi à la veille de l'assemblée des actionnaires une augmentation générale de 1,5%, accompagnée de deux augmentations individuelles de 0,5%. Une prime de 500 euros bruts, au titre de la participation aux bénéfices, avait également été proposée. Deux gestes qui n'ont pas satisfait les salariés et entrainé une certaine division au niveau des syndicats.

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