Le Conseil d'Etat annule le fichier des étrangers créé par Sarkozy

La Haute juridication a estimé lundi qu'un tel fichier informatique contenant des photos d'identité ne pouvait pas être créé par simple arrêté du ministère de l'Intérieur. En conséquence, celui-ci a saisi la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) d'un projet de décret afin de créer cet outil destiné à faciliter les expulsions d'étrangers en situation irrégulière.

Le Conseil d'Etat a annulé ce lundi, pour des raisons de forme, l'arrêté du ministère de l'Intérieur créant le fichier informatique Eloi de lutte contre l'immigration clandestine, et devant recenser les données personnelles des étrangers en situation irrégulière. La plus haute autorité administrative ne s'est pas opposée à l'existence même d'un tel fichier mais a basé son interdiction sur le fait qu'il ne pouvait être créé "que par décret en Conseil d'Etat après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), et non par simple arrêté ministériel", selon sa décision.

Le Conseil d'Etat souligne notamment que les informations collectées dans ce fichier incluaient "une photographie des étrangers faisant l'objet d'une mesure d'éloignement". Or, un décret en Conseil d'Etat est "nécessaire pour définir les modalités de fonctionnement des traitements automatisés comprenant à la fois des empreintes digitales et des photos d'identité, mais aussi pour des traitements ne comportant que l'une ou l'autre de ces deux données", précise la juridiction.

Prenant acte de la décision du Conseil d'Etat, le ministère de l'Intérieur a indiqué lundi après-midi dans un communiqué qu'il saisissait la Cnil d'un projet de décret créant le fichier Eloi. "Cet arrêté, qui avait été soumis à la Cnil, souligne le ministère, a été annulé pour des motifs de pure forme". Selon le ministère, le Conseil d'Etat "n'a retenu aucun des arguments selon lesquels ce fichier méconnaîtrait les libertés et s'est borné à juger que le fichier aurait du être créé, non par un arrêté, mais par un décret en Conseil d'Etat".

Baptisé Eloi comme "éloignement", ce fichier compilait l'identité, le sexe, la nationalité, la filiation, les langues parlées, la photo d'identité, les surnoms, le document d'identité et la situation professionnelle des étrangers en situation irrégulière. Il incluait également des données relatives à leur entourage (visiteur en centre de rétention, hébergeant), conservées pendant trois ans. Le Conseil d'Etat avait été saisi sur requête de plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l'homme (LDH), le Groupement d'information et de soutien des immigrés (Gisti) et SOS Racisme, qui voyaient dans ce fichier une atteinte aux libertés.

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