Pouvoir d'achat : débat entre tenants d'une politique volontariste et partisans de l'orthodoxie financière.

Nicolas Sarkozy doit annoncer dès son retour de Chine où il effectue actuellement un voyage d'Etat, des "initiatives" sur le pouvoir d'achat, devenu selon un sondage la première préoccupation des Français. La nature des mesures à prendre, dans un contexte économique difficile, fait l'objet d'un âpre débat au sein de l'exécutif entre partisans d'une politique volontariste et tenants d'une stricte orthodoxie financière ainsi que se positionne Edouard Balladur.

L'ancien Premier ministre UMP Edouard Balladur a en effet estimé aujourd'hui sur Radio J, que le gouvernement allait devoir "prendre un certain nombre de mesures" sur le pouvoir d'achat, tout en l'avertissant contre la tentation de distribuer "des subventions ou des avantages supplémentaires". "Je reconnais qu'il y a un problème de pouvoir d'achat. Je pense que le gouvernement va devoir prendre un certain nombre de mesures. Mais, sur la durée, cela dépend du retour de la prospérité et de la force économique de notre pays," a déclaré l'ancien premier ministre. "La France, a-t-il mis en garde, n'est pas dans une situation où l'on pourrait essayer de résoudre ce problème par des allocations, des subventions ou des avantages supplémentaires." Selon Edouard Balladur "Il faut relancer la croissance et pour ça il faut mettre de l'ordre dans nos dépenses, de l'ordre dans nos déficits, de l'ordre dans notre endettement. Il faut aider à l'investissement et la formation". "Ce que je voudrais c'est qu'on nous fixe un horizon pour 2012, ça sera la fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy, et qu'on nous explique où l'on veut que la France en soit en 2012 sur l'emploi, sur la croissance, sur le déficit, sur le commerce extérieur (...) sur la lutte contre la pauvreté", a conclu l'ancien Premier ministre. En clair, Edouard Balladur plaide pour des mesures de long terme et ferme la porte à toute décision qui contribuerait à l'aggravation des déficits publics. Une position à contre courant des attentes de l'opinion qui, confrontée à l'augmentation des coûts de la vie, attend pour sa part, des mesures d'amélioration des salaires et des revenus à effets rapides.

Le secrétaire d'Etat aux affaires européennes Jean-Pierre Jouyet est intervenu dans ce débat très politique dès samedi. Dans un entretien publié par le quotidien régional Ouest-France, il a plaidé pour que la France ait droit à une pause dans la réduction des déficits, comme l'Allemagne l'avait obtenu en 2004, en raison des réformes en cours dans le pays. En somme que la France bénéficie d'un desserrement de ses obligations budgétaires vis-à-vis de l'Union européenne, le temps que les réformes du gouvernement produisent leurs effets. Et surtout qu'entre temps, le gouvernement puisse mobiliser immédiatement quelques crédits pour soutenir le pouvoir d'achat des Français. Bref, le contraire de ce que préconise Edouard Balladur.

La Commission européenne, gardienne par essence de l'orthodoxie budgétaire, s'est inquiétée début novembre de l'évolution prévue des déficits publics de la France. Le ministère de l'Economie et des Finances table sur un déficit de 2,4% du PIB en 2007 à hauteur de 38,3 milliards d'euros en amélioration de 3,7 milliards par rapport à la loi de finances initiale. Des chiffres jugés trop optimistes par Bruxelles qui mise plutôt sur un déficit atteignant les 2,6% du PIB. Les treize pays de la zone euro se sont engagés dès avril à équilibrer leurs comptes publics à l'horizon 2010, mais la France a déjà indiqué qu'elle souhaitait repousser cette échéance à 2012.

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