La culture des longues heures de travail s'impose en Grande-Bretagne

En moyenne, les Britanniques travaillent près de 43 heures par semaines, soit 4 heures de plus que les Français. Un modèle pour après la Présidentielle ?

Il est midi, à Liverpool Street, la gare située au coeur de la City, à Londres. Pressant le pas, des milliers d'employés commencent à déferler des bureaux environnants. Au Marks & Spencer local, la file d'attente commence à se former. Plus de quarante personnes font déjà la queue, avec leur sandwich sous cellophane, leur salade de fruits emballée et leur bouteille d'eau. A peine passés à la caisse, la plupart retournent du même pas rapide pour s'asseoir devant leur ordinateur, avalant leurs bouchées entre deux e-mails et trois dossiers.

Moins de 20 minutes pour déjeuner

Les Britanniques passent en moyenne 19 minutes et 42 secondes pour déjeuner, selon une étude réalisée par 3M, l'entreprise qui fabrique les Post-it. Tous les jours, sept Britanniques sur dix mangent devant leur ordinateur, jonglant entre téléphone, écran et sandwich. Cette anecdote de la pause déjeuner en dit long sur la culture des longues heures de travail qui règne en Grande-Bretagne.

Alors que le pays était raillé il y a seulement vingt ans pour ses magasins qui fermaient dès 17h00 et ses employés qui rentraient tôt dans l'après-midi, il a désormais radicalement changé. Les Britanniques travaillent en moyenne 42,6 heures par semaine. Cela fait d'eux les champions toutes catégories du nombre d'heures passées au labeur dans l'Union Européenne... très loin devant la France (39 heures).

Pas de limite aux journées de travail ... si le salarié est d'accord

Il n'est pas rare de pouvoir appeler une entreprise dès 7h30 le matin, et jusqu'à 20h00 le soir. Les magasins sont presque tous ouverts le dimanche (la législation limite cependant l'ouverture à 8 heures ce jour là). Du coup, près de 15% des Britannique dépassent les 48 heures de travail par semaine. Cette limite est plus que symbolique, puisqu'elle représente le maximum officiel autorisé par la législation européenne depuis 1993. Mais le gouvernement de John Major a négocié à l'époque un droit d'exclusion de cette clause, à condition que les employés signent leur accord si leur employeur veut leur imposer des horaires supérieures.

Une vision de la vie au travail

Le sujet est revenu sur la table de négociations de Bruxelles la semaine dernière, quand la France a remis en cause cet avantage concurrentiel. Pour Gérard Larcher, le ministre français délégué à l'emploi, les 48 h ne sont pas une "question technique" mais un "élément fondamental de la protection de la santé des travailleurs". Et il agite l'épouvantail d'une course "au moins-disant social". Mais au-delà de la loi, c'est avant tout deux philosophies fondamentalement différentes qui s'opposent. L'idée qu'un employé ne puisse pas travailler de longues heures, même s'il le désire, est incompréhensible Outre-Manche.

De retour à Liverpool Street, auprès des travailleurs qui prennent leur pause de 19 minutes, cela se traduit comme cela : "Ce n'est pas accepté de prendre une longue pause", soupire Tim, 43 ans, comptable d'origine américaine, qui vit à Londres depuis six ans. Les cheveux coupés ras, le costume parfaitement ajusté, il a dans son panier quatre pommes, une salade et un jus de fruits. "C'est terrible, vraiment. Mais on n'a pas le choix."

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