Dans les cordes du quatuor Ebène

Ces quatre garçons-là font danser Bartok au disque et à la scène. Rencontre.

Pierre Colombet (violon), Gabriel Le Magadure (violon), Mathieu Herzog (alto) et Raphaël Merlin (violoncelle) forment le Quatuor Ebène, d'un bois précieux, exotique, éclatant et dense. Puisant ses origines dans la terre des jazzmen, le nom est également évocateur du désir de diversité qui les anime. C'est d'ailleurs avec un arrangement pour cordes de leur cru, de "Misirlou", le morceau de Dick Dale immortalisé par les BO de "Pulp Fiction" puis "Taxi", qu'ils ont enflammé la Salle Pleyel aux dernières Victoires de la musique classique. Mathieu Herzog se fait, le temps d'une rencontre, le porte-parole de la pensée commune.

La Tribune.- Comment vous êtes vous rencontrés ?

Mathieu Herzog.- Alors que nous étions élèves au Conservatoire National de Région de Boulogne-Billancourt, nous nous sommes retrouvés engagés pour une petite opérette d'Offenbach, Pierre Colombet (1er violon actuel), un violoncelliste, un second violon et moi-même. On a rapidement travaillé comme des fous. Mais ça n'a pas été facile de trouver un équilibre. Donc nous avons changé de configuration. Aujourd'hui, il y a une ambiance vraiment saine, une entente très forte et beaucoup de respect entre nous. Mais jouer en quatuor est un apprentissage difficile. On ne peut pas être totalement soi-même quand on vit à quatre, 8 heures par jour, 330 jours par an.

Vous avez un répertoire classique, mais des "bis" souvent tirés du jazz, voire de la variété, comme cette adaptation de "Misirlou". Vous n'avez pas peur d'être étiquetés artistes "cross-over"?

C'est justement cette passion commune pour d'autres musiques que la musique classique, dont le jazz, le tango et la variété, qui nous a réunis. Et le goût de l'improvisation, qui a nourri notre travail dans la musique classique. Quant à être catalogués "cross-over", on préfère passer le plus au-dessus possible de ce genre de critique. Quand après un concert de concert classique avec Haydn, Beethoven et Bartok, on joue en bis un arrangement de Miles Davis ou de Django Reinhardt, le public est surpris et heureux. Bien sûr, tout le monde n'apprécie pas. Certains le vivent même comme une offense, curieusement.

Quels sont vos projets?

Nous aimerions bien, dans deux ou trois ans, faire le tour des écoles de Paris pour faire un peu de pédagogie auprès du jeune public. Quant aux projets en soliste, on n'a pas franchement le temps. Avec 120 dates par an en quatuor, dont de nombreuses à l'international, c'est compliqué. D'ailleurs, je voudrais en profiter pour souligner l'énorme différence de salaire qui existe entre le musicien en quatuor et le soliste. Cela représente 75 % de moins par personne, minimum. A expérience et notoriété égales et à âge égal, c'est troublant. Ajouté au manque de sécurité de l'emploi, c'est même extrêmement désagréable.


Nouveauté CD: "Quatuor à cordes n°1 à 3" Bela Bartok (Mirare).
"La leçon de musique - Schubert" avec Jean-François Zygel, le 16 mai au Théâtre du Châtelet. www.chatelet-theatre.com. Tél: 01.40.28.28.40.
Deux concerts le 23 mai: "Haydn et Bartok" à 12h15 à la Préfecture de la Sarthe et "Mozart" à 20h30 à l'Abbaye de l'Epau. www.francefestivals.com/epau/programme

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