Paris fait décidément fête à l'Inde, cette année. Après avoir été l'invité d'honneur du Salon du Livre le mois dernier, le pays est aujourd'hui célébré dans ce qui constitue "L'âge d'or de l'Inde classique", titre de l'exposition montée au Grand Palais. Celle-ci est consacrée à une période peu connue en France de l'histoire indienne, celle des Gupta, un empire qui recouvrait la majeure partie de l'Inde du nord.

S'étendant du IVème au VIème siècle après JC, l'empire des Gupta fut une période d'essor intellectuel, qu'il s'agisse de sciences, de littérature ou d'arts. L'empire des Gupta a également été marqué par une grande tolérance religieuse, permettant aux principales religions indiennes de l'époque de cohabiter harmonieusement.

La grosse centaine de sculptures exposées au Grand Palais juxtaposent ainsi des oeuvres appartenant au bouddhisme, au jaïnisme et à l'hindouisme, les trois grandes religions du moment, et utilisant des matériaux aussi variés que le grès, la terre cuite, le stuc, le laiton... Ces oeuvres proviennent de nombreux musées indiens. Pour les responsables de l'exposition, français comme indiens, il n'était pas concevable de montrer autre chose que des pièces de tout premier plan. Ce qui explique d'ailleurs les nombreuses années de gestation de cette manifestation, tant les négociations pour son organisation concrète se sont révélées ardues. Chronologique, la présentation des oeuvres - un modèle de sobriété et de clarté - offre très vite au visiteur un ensemble de statues bouddhiques en grès rose qui sont autant de merveilles de détachement et de sérénité. L'extraordinaire finesse du travail de la pierre apparaît dans les boucles des cheveux, les sourires flottants, les détails des bodhisattvas, ces proches du Buddha. Une effigie de ce dernier arbore un vêtement plissé dont la finesse est telle que le grès travaillé donne une impression frappante de transparence!

Les statues jaïnes impressionnent également par l'exceptionnelle sérénité qui s'en dégage: ce qui correspond bien à cette doctrine qui prône un détachement total des choses de ce monde...

Le contraste avec les statues hindoues est d'autant plus marquée : là, c'est l'effervescence et la fantaisie qui règnent, surtout pour les oeuvres les plus récentes. La caractère fantastique des divinités hindoues est illustré en particulier par d'extraordinaires statues de Ganesha, le dieu à tête d'éléphant. De splendides effigies de Vishnou sont ornées de bijoux sculptés de toute beauté, une autre étant surmontée d'un impressionnant capuchon de sept serpents déployés. Autant de chefs d'oeuvre qui, pour reprendre les termes de Jean-François Jarrige, président du musée Guimet et commissaire général de l'exposition, sont "baignés par un idéal de clarté et de calme qui, d'une certaine manière, les place hors du temps".

Une exposition d'une telle ampleur s'accompagne bien sûr d'un programme fourni de publications et d'activités. Une série de conférences abordera des thèmes aussi variés que l'architecture gupta, l'art voie d'éveil du bouddhisme ou le théâtre de l'époque. Un petit festival de films permettra de revoir des grands classique, depuis les films de Satyajit Ray jusqu'au meilleur de la production de Bollywood. Signalons enfin le remarquable catalogue qui recense la totalité des oeuvres exposées, avec une série d'essais sur l'empire Gupta.


"L'âge d'or de l'Inde classique - L'empire des Gupta". Du 4 avril au 25 juin 2007. Galeries nationales du Grand Palais, Paris. Ouvert tous les jours sauf le mardi. Renseignements : www.rmn.fr
Catalogue de l'exposition : 320 pages, 240 photos, 49 euros