Les gagnants et les perdants de la crise du Subprime

Première partie : les gagnants

Bien qu'elles aient une exposition directe limitée aux crédits hypothécaires américains à risque, les banques françaises payent un lourd tribut à la crise actuelle. ... Les places boursières ont encore connu une séance de forte baisse vendredi dernier après la publication des chiffres de l'emploi américain, très décevants (suppression de 4.000 emplois en août). Société Générale a vu son cours plombé (-3.9%) après les rumeurs de profit warning.
En attendant les prochains résultats trimestriels, voici notre anticipation sur les professions qui sauront tirer leur épingle du jeu...

Les départements ECM (equity capital market) :

Les marchés de capitaux de la dette sont en berne. Et les professionnels des marchés actions pourraient en tirer partie. Les métiers de dérivés actions notamment savent généralement profiter de la volatilité des marchés. Craig Coben, directeur général des marchés actions EMEA chez Merrill Lynch en est en tout cas convaincu : "Lorsque nous avions des marchés du crédit en bonne santé, le private equity distançait le marché actions en matière de stratégie de levée de fonds. Mais avec les récentes corrections des marchés de la dette les introductions en bourse deviennent une voix relativement plus attractive pour une levée de capitaux", a-t-il récemment déclaré au Financial News. Euronext a ainsi profité pleinement de la crise financière avec une activité record pendant l'été. Sur le seul mois d'août, généralement calme, l'opérateur de marché, désormais marié au New York Stock Exchange (Nyse), a constaté des volumes de transactions jamais atteints auparavant, soit plus du double de ceux enregistré en août 2006.

Les risk managers :

La soudaine volatilité sur les marchés requiert une attention toute particulière qui profite aux départements de gestion des risques. Selon notre site internet américain, les hedge funds basés aux Etats-Unis sont aujourd'hui prêts à verser aux responsables du contrôle des risques un salaire annuel de plus d'un million de dollars. Et s'assurer ainsi que les banques ne mettent pas la main sur ces professionnels. Déjà très recherchés avant la crise, ces spécialistes aux compétences rares, devraient clairement tirer profit de la crise estivale.
Les gérants de fonds traditionnels
La gestion traditionnelle, par opposition à la gestion alternative, devrait être l'objet de toutes les attentions. Avec de nombreux hedge funds déstabilisés par la crise, les gérants d'actifs optant pour des stratégies à long-terme devraient avoir moins de mal à attirer les candidats et retenir leurs collaborateurs. Parallèlement, ils pourraient faire, au passage, de sacrés bonnes affaires en achetant sur des marchés en pleine tourmente.

Les banquiers privés :

Tous ne sont pas en train de passer un bon moment. Leurs clients ayant, pour certains, subi de plein fouet la crise des marchés du crédit. En revanche, pour les clients qui appartiennent toujours à cette classe privilégiée, le conseil de leur trusted advisor est d'autant plus précieux. Pour le moment, aucun signe de faiblesse n'est détectable dans ce secteur, où le recrutement continue de battre son plein. Alan Johnson, spécialiste des questions de salaire sur la place de Wall Street, prédit une hausse de 10% des salaires de managers cette année.
Les spécialistes du redressement financier
Les spécialistes du redressement financier des entreprises en difficulté se portent toujours bien quand l'économie va mal. Or, si comme le prédisent certains, la contagion de la crise financière à l'ensemble de l'économie a bien lieu, les opportunités pour ces derniers, aujourd'hui limitées, pourraient bien se multiplier. Fin août, le Fonds monétaire international (FMI) avait indiqué que face au risque croissant de crédit le nombre d'impayés, défauts de paiements et saisies immobilières continuait d'augmenter. A titre d'exemple, Close Brothers a tout récemment réorganisé son unité à Londres dédiée à cette activité et devrait recruter. Toutefois, le gouverneur de la Banque de France s'est montré rassurant à l'égard des prévisions de croissance dans la zone euro : "Notre diagnostic sur le fond reste plutôt optimiste".

Les assureurs :

Besoin de vous retrancher dans un secteur épargné par la crise ? Pensez sérieusement à l'assurance. L'exposition des assureurs européens au subprime est "minime", selon une étude publiée la semaine dernière par l'agence de notation Fitch. Parmi les 41 assureurs étudiés, seuls 13 ont des investissements directs dans le subprime évalués à 13,1 milliards de dollars (moins de 0,5 % des actifs investis par les assureurs impliqués).
Les spécialistes des pays émergents
Selon le dernier rapport de la Banque des règlements internationaux (BRI), Les marchés actions et obligations des pays émergents ont "relativement bien résisté" aux turbulences des marchés. Ces zones bénéficiant de "conditions économiques généralement favorables".

L'annonce le 18 septembre des résultats de Lehman Brothers, très présent sur le segment du subprime, sont très attendus. Ils donneront le ton des performances à attendre des autres banques. Selon une étude de l'agence de notation Fitch, la plupart des banques françaises sont exposées pour moins de 7% de leurs ressources sur les "conduits" ABCP. Enfin, la Société Générale évalue ses pertes maximum, dans le scénario le plus pessimiste, à moins de 200 millions d'euros sur les activités impactées par le subprime. A suivre.

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