Femmes d'hier et d'aujourd'hui

Quatre mères et quatre filles vues à travers deux époques. Ou comment les aïeux marquent de leurs empreintes les générations futures. Des "Jeux doubles" qui ouvrent la saison du Théâtre des Célestins de Lyon.

Quatre femmes assises autour d'une table. Comme chaque jeudi, tandis que leurs filles s'amusent dans la pièce d'à côté, les quatre amies se retrouvent dans la cuisine pour jouer aux cartes. Un prétexte en fait, pour assouvir leur besoin de discuter, d'échanger sur leur vie de tous les jours, de partager leurs angoisses, leurs peurs, leurs joies aussi. Nous sommes dans les années 60, la libération de la femme n'est pas encore passée par là, tout juste en aperçoit-on les prémices.

La deuxième partie de la pièce effectue un bond dans le temps. Une quarantaine d'année a passé et ce sont cette fois les filles des premières protagonistes que nous suivons (jouées par les mêmes actrices qui n'ont aucune difficulté à nous faire croire à leurs doubles personnages). Les temps ont changés, les femmes aussi. Carrières professionnelles envahissantes, maris qui ont perdu de leur omnipotence et toujours pas d'enfants à l'horizon. Tout est-il pourtant si différent? Pas si sûr.

Le texte de Cristina Comencini ne s'attache pas tant à décrire l'évolution d'une réalité historique qu'à dessiner des portraits de femmes. En cela, la mise en scène de Claudia Stavisky lui convient bien, toujours concentrée sur ces personnalités uniques, cherchant à les faire vibrer à partir de simples détails. En mettant en parallèle deux époques, la pièce interroge. Que nous ont transmis nos ancêtres? Quelle part d'eux-mêmes s'exprime en nous?

L'idée de départ de "Jeux doubles" a de quoi séduire. On perçoit immédiatement l'ambition de ne pas démontrer ni d'intellectualiser un propos, mais plutôt de faire ressentir une réalité par touches discrètes. Reste que, pour une comédie, les épisodes auxquels nous assistons sentent souvent le déjà-vu. On sourit, certes, mais tout se déroule de façon trop lisse, sans accroc. On aimerait qu'au détour d'une phrase, d'un mot, la situation dérape, nous échappe, imprévisible. Mais tout du long le chemin reste balisé. Ces femmes qui, sur scène, ne manquent pas de vie auraient mérité destin plus surprenant.


"Jeux doubles" (création) de Cristina Comencini, mis en scène par Claudia Stavisky. Jusqu'au 27 octobre au théâtre des Célestins (Lyon) puis en tournée dans le département du Rhône. Renseignements: 04.72.77.40.00. Web: www.celestins-lyon.org

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.