Ecoterrorisme : enquête sur la face noire des défenseurs des animaux

Les écoterroristes arrivent en France. Ils ont obligé Novartis à retirer plusieurs milliers de flacons soi-disant infectés. Leur activisme serait en croissance forte selon les Renseignements généraux (RG) et coûterait parfois plusieurs millions d'euros aux entreprises.

Le retrait par Novartis de "10 à 20.000 flacons" de solution pour lentilles et d'antiseptiques en France et en Grande-Bretagne, à la suite de la publication le 31 août de deux communiqués diffusés par des groupes de défense des animaux affirmant que 85 de ces flacons avaient été infecté, confirme l'arrivée en France d'une nouvelle forme de terrorisme : l'écoterrorisme.

Sa première manifestation violente date du 7 mai 2007, avec l'incendie criminel des locaux lyonnais de l'entreprise Techniplast, accusée de travailler avec la firme Huntington life sciences (HLS), réalisant des expériences sur les animaux pour des clients industriels. Plus globalement, le nombre d'actions de toute sortes progresse au fil des ans. En France, 11 actions sont revendiqués en 2005, 42 en 2006 et 23 pour le premier semestre 2007, sur le site spécialisé de la mouvance, www.directaction.info.

Dans le même temps, la radicalisation d'une frange du mouvement de défense des animaux est constatée dans deux notes de la Direction centrale des renseignements généraux, datées de juillet et août 2007, dont latribune.fr a eu connaissance. Les policiers expriment leur "préoccupation" même s'ils notent que les militants prêts à participer à des attentats ne se chiffreraient qu'à un peu plus d'une dizaine. Toutefois, ceux-ci pourraient bénéficier de l'aide d'autres pays. Les activistes anglo-saxons seraient plus de 200, selon le criminologue Xavier Raufer dans son livre "Entreprises, les treize pièges du chaos mondial" (PUF, 2000).

Les activistes de la cause animale visent d'abord les entreprises où se pratiquent la vivisection et les expérimentations animales, dont notamment Huntington life sciences (HLS) et autres entreprises d'expérimentation. Ils s'attaquent aussi aux entreprises pharmaceutiques et de cosmétique. "Pour faire pression sur leurs cibles favorites, ils s'attaqueraient désormais à leur environnement économique, assureurs ou banquiers", note Stéphane Quéré, chercheur au MCC de l'université de Paris II.

Ecotage et intimidation

"Les activistes pratiquent allègrement l'écotage, le sabotage économique, l'intimidation sur les employés, voire leurs enfants, le harcèlement voire les cyberattaques", explique Stéphane Quéré. Ils taguent ou détruisent les magasins de leurs cibles. Les magasins de Body shop ont été barbouillés de slogans le 31 mars 2007 pour la "punir" d'avoir été achetée par L'Oréal, l'une des cibles favorites des défenseurs de animaux. "Body shop paie sa trahison", indique le communiqué de revendication des actions.

Ces actions n'ont heureusement pas provoqué de victimes humaines. D'autant plus qu'en l'état de l'enquête, l'infection des flacons de Novartis ne serait pas avérée. Mais les entreprises sont frappées financièrement. Le retrait des flacons a un coût. Interrogé par latribune.fr, Novartis a refusé de le chiffrer, n'ayant pas à ce jour consolidé les frais engendrés par cette opération. Le pharmacien, surtout, se refusera à communiquer pour ne pas donner prise à d'autres actions.

600 attentats pour 43 millions de dollars

Ces écoattentats, fréquents dans les pays anglo-saxons, coûtent en tout cas cher aux entreprises. Selon le FBI, l'un de ces mouvements radicaux, l'Animal Liberation Front (ALF) aurait commis plus de 600 attentats pour un coût global de 43 millions de dollars, entre 1996 et 2002. Au Canada, entre 1996 et 1998, une entreprise forestière de l'Alberta a été victime d'actions qui lui ont coûté 1,21 million d'euros. En 1998, l'ALF italien annonce qu'il a empoisonné des gâteaux de Noël fabriqué par des filiales de Nestlé. Coût du retrait immédiat: 25,91 millions d'euros.

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