Obligé de sortir du bois, Ford vient de confirmer qu'il s'était mis en contact avec des banques d'affaires - Morgan Stanley, Goldman Sachs et HSBC - pour céder ses deux marques, Land Rover et Jaguar, corroborant les annonces faites plus tôt dans la journée par le gouvernement britannique. Il faut dire que l'enjeu de ces cessions peut facilement devenir un problème national. Avec 20.000 emplois dans la balance, le projet inquiète hautement les syndicats.

Jaguar emploie 10.000 personnes au Royaume-Uni dans ses usines de Coventry et Castle Bromwich, dans le centre du pays, ainsi qu'à Halewood près de Liverpool. Quant à Land Rover, il compte de son côté 9.000 salariés, sur les sites de Solihull et Gaydon dans les West Midlands, et à Halewood.

"Nous avons insisté pour obtenir des assurances sur l'avenir de Jaguar/Land Rover et nous allons désormais redoubler nos demandes, ont souligné les représentants du syndicats Unite. Ce qui importe ici, c'est que Ford ne cherche pas à brader Jaguar et Land Rover au premier venu. Ce sont des voitures de qualité, qui nécessitent de hauts niveaux d'investissements pour la poursuite de leur développement".

Chroniquement déficitaire, Jaguar avait été racheté par Ford en 1989 pour 2,5 milliards de dollars. En dépit d'importants investissements, la marque produit deux fois et demi moins de voitures qu'attendu. Land Rover, qui était dans l'escarcelle de BMW, est passé sous pavillon américain en 2000 pour 2,7 milliards de dollars. Si après de lourdes restructurations, Land Rover est revenu à l'équilibre financier, son outil de production est si lié à Jaguar, qu'une scission est impossible.

Reste à savoir si les deux marques vont trouver preneur. Aucun industriel ne se serait présenté. En revanche, un projet de vente de vente impliquant des élus locaux et surtout des fonds d'investissement est évoqué avec insistance.