Chine et Etats-Unis se réunissent à Washington pour renforcer leur coopération dans la lutte contre le changement climatique

L'émissaire chinois pour le climat Liu Zhenmin se rend mardi aux Etats-Unis pour rencontrer son homologue américain John Podesta, au moment où les deux pays les plus émetteurs de gaz à effet de serre cherchent à renforcer leur coopération dans la lutte contre le changement climatique.
En 2022, la Chine a approuvé sa plus grande expansion de centrales électriques au charbon depuis 2015.
En 2022, la Chine a approuvé sa plus grande expansion de centrales électriques au charbon depuis 2015. (Crédits : Sheng Li / Reuters)

Etats-Unis et Chine semblent au moins avoir un terrain d'entente, celui de s'efforcer à lutter ensemble contre le dérèglement climatique. Les deux pays sont responsables à eux deux de 41% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

L'émissaire chinois pour le climat Liu Zhenmin conduira une délégation aux Etats-Unis du 7 au 16 mai, a écrit le ministère chinois de l'Ecologie et de l'Environnement dans un communiqué. Il rencontrera à Washington son homologue américain John Podesta pour discuter de la « promotion de la coopération sur le climat entre la Chine et les Etats-Unis afin d'obtenir des résultats concrets », selon Pékin. Les deux parties prendront part à une « réunion bilatérale du groupe de travail sur le renforcement de l'action climatique dans les années 2020 », explique un communiqué de Washington.

La première rencontre entre les deux émissaires

Les échanges se concentreront, d'après le département d'Etat, sur « la transition énergétique, le méthane et les gaz à effet de serre autres que le CO2, l'économie circulaire et l'efficacité énergétique, les villes et Etats/provinces bas carbone » ou encore la déforestation.

Il s'agira de la première rencontre entre les deux émissaires, tous deux récemment nommés, mais aussi des premiers échanges entre Washington et Pékin sur le climat depuis la COP28 à Dubaï en décembre. Un accord de compromis global avait alors appelé pour la première fois à abandonner progressivement les énergies fossiles, principales responsables du réchauffement climatique.

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Leurs prédécesseurs Xie Zhenhua et John Kerry, avaient développé une relation très cordiale, permettant de faire avancer les discussions sur la question climatique. Ils s'étaient rencontrés en novembre en Californie et mis d'accord sur une coopération plus étroite en matière de climat entre les deux pays, accord qui a en partie servi de base pour la COP28. Selon Pékin, leurs successeurs auront des « échanges de vues en profondeur » sur cet accord.

Le changement climatique doit être considéré comme une « question humanitaire universellement acceptée » et « non comme une question stratégique bilatérale relative à la question de la mer de Chine méridionale ou à d'autres types de sujets », avait déclaré lors de la COP28 à Dubaï, John Kerry.

La Chine, principal émetteur mondial de gaz à effet de serre

La Chine est en valeur absolue le principal émetteur mondial de gaz à effet de serre, responsables du changement climatique. Elle est aussi le premier producteur d'énergie éolienne et solaire, et le président Xi Jinping s'est engagé à ce que son pays atteigne un pic d'émissions de CO2 d'ici 2030.

En 2022, la géant asiatique a toutefois approuvé sa plus grande expansion de centrales électriques au charbon depuis 2015. De leur côté, les pays du G7, réunis fin avril en Italie, ont décidé de supprimer progressivement d'ici à 2035 les centrales électriques au charbon sans dispositifs de captage de carbone, une étape importante vers la fin du recours aux combustibles fossiles. « En disant clairement qu'on appelait d'autres pays à contribuer, nous voulons que la Chine nous rejoigne dans cette direction », a précisé à l'AFP Franck Riester, le ministre qui représentait la France lors du sommet.

Rebond énergivore

D'autant que la Chine pourrait ne pas atteindre ses principaux objectifs climatiques à l'horizon 2025, sa dépendance aux énergies fossiles augmentant pour soutenir son économie faiblissante, selon un rapport publié début mai du Centre de recherche sur l'énergie et l'air propre (Crea), un groupe indépendant basé en Finlande.

La Chine s'est engagée à stabiliser ou faire décroître ses émissions d'ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone d'ici 2060. Mais le rebond énergivore connu par le pays à la suite de la pandémie de Covid-19 signifie que « tous ces objectifs sont sérieusement hors d'atteinte après 2023 », souligne l'étude. Les conditions météorologiques défavorables ont aussi aggravé le problème. Une série de sécheresses a abaissé la production d'énergie hydroélectrique à son plus bas niveau depuis plus de deux décennies. En conséquence, Pékin doit parvenir à une « baisse record » de 4% à 6% de ses émissions pour atteindre son objectif déclaré d'intensité carbone pour 2025, estiment les chercheurs du Crea.

En visite au Japon mi-mars, John Podesta avait estimé que la Chine devait accélérer sa sortie du charbon, tout en louant l'accord sino-américain de novembre. Il est « important de maintenir le dialogue et d'essayer de trouver un terrain d'entente », avait-il encore insisté. Nommé début février, le nouvel émissaire au climat était jusqu'ici conseiller de Joe Biden. Il était notamment chargé de veiller à la mise en œuvre d'un énorme programme d'investissement dans la transition énergétique du président américain (« Inflation Reduction Act »). John Podesta « doit prendre le relais de Kerry et mener les Etats-Unis dans un sprint pour mettre fin au développement du gaz et du pétrole, » a alors réclamé dans un communiqué le Center for Biological Diversity, une association de défense de l'environnement.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 07/05/2024 à 16:13
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Le gag de l'année! Ils vont parler, mais de questions beaucoup plus pragmatiques, à l'abri d'oreilles et de regards indiscrèts.

à écrit le 07/05/2024 à 10:54
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Ne manquez pas de lire "Terres rares" de Jean Tuan chez C.L.C. Éditions. Un récit épicurien et érudit qui dévoile les menaces que la Chine fait peser sur le monde. Écrit par un observateur attentif et sans parti-pris de la Chine. Lecture édifiante ...

à écrit le 07/05/2024 à 10:51
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Mais ils font quoi contre la pollution ? RIEN. Nos dirigeants sont faibles et oui même eux deux. L'argent dirige le monde or l'argent n'étant qu'un poison lent... adieu tout le monde ! Bah c'était bien sympa quand même... dommage que nos jeunes n'en ...

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