Les petits patrons penchent vers François Bayrou

Le candidat UDF a multiplié cette semaine les rencontres avec les patrons de PME. Séduits par son programme, ceux-ci restent toutefois sceptiques sur ses chances de construire une "majorité nouvelle" en cas de victoire le 6 mai.

Porté par son ascension dans les sondages, François Bayrou continue sa plongée dans la société française, en ciblant chaque déplacement sur une population spécifique. Sachant les grandes entreprises plutôt favorables à Nicolas Sarkozy, c'est du côté des petits patrons que le candidat centriste tente de mener une opération séduction.

Il est ainsi allé exposer son programme devant les membres du mouvement Ethic (Entreprises de taille humaine indépendantes et de croissance) mercredi, devant les adhérents de la CGPME jeudi. Convaincus, les petits patrons? Certes, ceux-ci se montrent sensibles au programme économique du candidat UDF qui répond à leurs attentes. François Bayrou s'engage notamment sur la mise en place d'un "small business act à la française", une demande formulée depuis plusieurs années par la CGPME aux gouvernements successifs.

Ce vaste programme comprend trois axes. D'abord, le simplification des procédures, du droit, des impôts, des formalités. Ensuite, un accès réservé aux marchés publics, comme cela existe aux Etats-Unis et au Canada, pays qui ont obtenu pour cela une dérogation à l'Organisation Mondiale du Commerce. Enfin, l'exigence que l'Etat respecte lui-même les règles qu'il impose aux autres, en particulier sur les délais de paiement.

Les PME se déclarent aussi très intéressées par la mesure phare du candidat centriste: la possibilité donnée à toutes les entreprises, de tous secteurs et de toute taille, de créer deux emplois supplémentaires sans charges (hormis 10% pour les régimes de retraites) pendant cinq ans. Une mesure susceptible pour eux de débloquer l'embauche dans leurs petites structures.

Les petits patrons auraient souhaité que François Bayrou s'engage à étendre plus largement le contrat nouvelles embauches (CNE), réservé jusqu'ici aux entreprises jusqu'à 20 salariés. Mais, prudent, et souhaitant se différencier de Nicolas Sarkozy qui plaide, lui, pour l'instauration d'un contrat de travail unique sur le modèle du CNE, il ne les a pas suivis, préférant évaluer le dispositif dans deux ans, comme le prévoit la loi.

Aussi séduits soient-ils par la candidature Bayrou, les patrons de PME laissent poindre toutefois certaines réserves et inquiétudes. Les réserves portent sur la capacité du candidat UDF à mener à bien son combat prioritaire, la réduction de la dette. L'objectif affiché est ambitieux: "arriver en trois ans au point mort où la dette ne grandit plus". Ce qui, pour le candidat, suppose d'affecter à la baisse du déficit la moitié des recettes fiscales supplémentaires générées par une croissance d'environ 2,5%, soit quelque 7 milliards d'euros par an.

Pour tenir cet objectif, François Bayrou mise sur la réforme de l'Etat "dans les secteurs improductifs" et sur une meilleure organisation des collectivités locales supprimant l'empilement des structures. Des propositions qui semblent insuffisamment précises et contraignantes, aux yeux des petits patrons, qui laissent poindre leur scepticisme.

Autre inquiétude dans les rangs des PME: avec quelle majorité François Bayrou, s'il est élu président de la République, pourra-t-il gouverner? Même si le candidat UDF affirme que ce n'est pas un problème puisqu' "il y aura aux législatives dans toutes les circonscriptions des candidats qui porteront les couleurs de la majorité nouvelle", les patrons redoutent des lendemains qui déchantent après le deuxième tour des législatives le 17 juin.

Car rien ne leur assure aujourd'hui que les députés UMP et PS sont prêts à lâcher leur étiquette pour rejoindre le nouveau parti du président. Or, si les candidats des deux grands partis majoritaires se maintiennent au second tour, les nombreuses triangulaires pourraient servir la gauche et amener une nouvelle cohabitation. Un risque que les PME n'ont guère envie de courir.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.