L'amour est enfant de chorégraphes

Deux créations chorégraphiques, passées par le théâtre de Chaillot à Paris avant de partir en tournée, évoquent à leur manière les relations amoureuses: "Matri(k)is" d'Abou Lagraa et "Corazon Loco" de Blanca Li.

La dernière chorégraphie d'Abou Lagraa, "Matri(k)is"

Créée à Annecy (Scène Nationale), la dernière pièce du chorégraphe Abou Lagraa intitulée "Matri(k)is", actuellement à Paris (Chaillot) puis en tournée, se présente comme un hommage aux figures de la femme: mère, sainte ou putain. On entend ici le titre comme une évocation entre français et anglais de la matrice (matrix), celle d'un monde d'êtres qui peuplent la Terre, par exemple, ou celle de la femme où la vie se forme. De cette matière initiale, Abou Lagraa cherche à questionner l'identité sexuelle, à creuser la figure du double.

Sa pièce comprend deux parties. La première - un duo - réunit deux danseurs. Deux véritables athlètes qui, tels des jumeaux, évoluent dans un monde aquatique évoqué par la bande son. Une relation à la fois très plastique et physique, parfois intime, entre les deux hommes. La seconde introduit huit femmes en robe de couleur très marquée. Elles aussi se heurtent ou se montrent complices. Les mouvements sont superbes, en solo, duo ou en groupe. La belle intensité de leurs danses est amplifiée par des lumières éloquentes de Dietmar Janeck et une musique troublante d'Eric Aldéa et Ivan Chiossone.


Jusqu'à 8 février au Théâtre de Chaillot à Paris (Tél: 01 53 65 30 00) puis à Martigues, La Rochelle, Rome, Lyon, etc. Tout Blanca Li

Le corps et la voix réunis pour ravir les yeux et les oreilles des spectateurs. Voilà, pour résumer, l'ambiance qui règne entre les six danseurs, les huit chanteurs de l'ensemble vocal Sequenza 9.3 et une percussionniste qui interprètent, tous ensembles sur scène, "Corazon Loco" (coeur fou), dernière création de Blanca Li. La chorégraphe voulait que la danse et le chant ne fassent qu'un pour évoquer l'amour, sa poésie comme ses fantaisies. Il lui fallait donc que les danseurs chantent autant que les chanteurs dansent.

"Corazon Loco" réussit cette symbiose par une succession de saynètes souvent drôles où les corps sont sens dessus dessous. Ces jeux de rôles frisent la performance pour les uns et les autres. On y retrouve aussi quelques évocations de pièces récentes de Pina Bausch. Comme quoi l'amour fou ne recule devant rien.


"Corazon Loco" jusqu'au 9 février à la Maison des Arts de Créteil (Tél: 01 45 13 19 19) puis à Chelles, Mérignac, Niort, Nanterre, Malakof, etc.

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