Des bureaux de Siemens perquisitionnés en Norvège

En plus de l'affaire de corruption à grande échelle qui l'éclabousse depuis novembre, l'amende record infligée par la Commission européenne fin janvier pour ententes illicites dans les commutateurs, c'est sa division sécurité incendie qui se voit reprocher en Norvège une entente sur les prix avec trois autres sociétés.

Et encore une nouvelle razzia non prévue chez Siemens. Le groupe allemand vient de reconnaître que les bureaux norvégiens de sa division technologie du bâtiment avaient reçu la visite hier des inspecteurs de l'Office national des cartels à la recherche de documents pouvant prouver qu'il y a eu entente dans le secteur sécurité-incendie.

"Siemens est intéressé à un règlement rapide du dossier et a assuré l'Office de sa collaboration", a fait savoir le groupe dans un communiqué. Siemens a réalisé sur son dernier exercice un chiffre d'affaires de 1,5 milliard dans la sécurité incendie et se dit leader mondial.

Les gardiens norvégiens de la concurrence croient savoir que des membres de l'organisation commerciale "NorAlarm" se sont mis d'accord sur leurs tarifs pour les services et l'entretien d'installations anti-feu. Outre Siemens, trois autres sociétés auraient aussi reçu visite des inspecteurs de l'Office, indique le groupe allemand en précisant qu'il ne connaît pas d'autres détails.

Fin janvier, la Commission européenne lui a déjà infligé une amende très lourde de 421 millions pour entente illicite sur les prix de commutateurs et le groupe avait dû reconnaître à cette occasion que d'autres enquêtes dans ce domaine étaient en cours dans d'autres pays.

Le Parquet de Munich enquête surtout sur une grosse affaire de corruption dans son ancienne division télécoms. Siemens avait reconnu en décembre l'existence de 420 millions de factures douteuses. Le Parquet de Munich pour sa part a détecté plus de 200 millions de paiements suspects. Hier, celui-ci a d'ailleurs fait savoir qu'une trentaine de personnes ont déjà été interrogées et qu'à priori il n'avait aucune raison de penser qu'il y a eu enrichissement personnel de la part de suspects.

Une indication qui laisse à penser que les juges allemands estiment qu'il s'agit au final d'un système, ce qui ne devrait pas arranger les affaires du groupe. La justice allemande enquête en coopération avec ses homologues suisse, italienne et du Lichtenstein. Le 13 mars va de surcroît s'ouvrir devant le tribunal de grande instance de Darmstadt le procès de deux anciens responsables de Siemens Power Generation, la division dédiée aux équipements pour les centrales électriques. Ils sont soupçonnés avoir offert entre 1999 et 2002 environ six millions d'euros à deux directeurs du groupe italien d'électricité Enel, dans le but d'obtenir d'importants contrats.

La semaine passée, le groupe avait dû reconnaître que le département américain de la Justice enquête sur de possibles infractions à la loi en liaison avec ce dossier, tout comme le gendarme boursier SEC, ce qui induit des risques clairs.

Pas étonnant que le président du groupe, Klaus Kleinfeld, tente aujourd'hui par différentes mesures de prouver qu'il s'attaque aux problèmes à bras le corps.

A compter du 1er février, il a décidé notamment d'interdire tous les contrats de conseil avec des intermédiaires commerciaux. Une autorisation exceptionnelle peut seulement être décidé par son nouveau directeur de la "compliance" interne, Daniel Noa. Le groupe réfléchit également à renoncer à des appels d'offres dans les pays où la corruption est inévitable.

Des mesures indispensables pour rétablir la crédibilité du groupe mais dont les analystes pensent qu'elles peuvent avoir des incidences sur le carnet de commandes à l'avenir. Autant dire que Siemens est loin d'être tiré d'affaire.

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