C'est un peu l'histoire de la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide. D'un côté, le très suivi indice de confiance des entreprises, le Tankan, a reculé de deux points en mars par rapport à la précédente enquête de décembre dernier (à 23 contre 25), alors que les spécialistes attendaient une baisse d'un point seulement. L'indice mesure la différence entre le pourcentage d'entreprises estimant que la situation est favorable et celles qui pensent le contraire.

Il s'avère donc que les entreprises nippones sont, en moyenne, moins confiantes dans l'avenir qu'en fin d'année dernière. D'ailleurs, si elles ont réalisé des investissements sur l'exercice 2006-2007 (se terminant en mars dernier) plus élevés (de 11,9%) que ceux qu'elles avaient effectué sur l'exercice précédent, il n'empêche : elles prévoyaient une hausse légèrement supérieure (12,4%). Autant dire que l'économie nippone, plombée pendant des années par une sinistrose et qui sort à peine de sa léthargie, est encore bien fragile si l'on prend comme référence le moral des entreprises.

Cela dit, d'un autre côté, les indications données par le Tankan peuvent aussi être interprétées positivement. Car dans les conditions actuelles de confiance des entreprises, il est peu probable que les autorités monétaires relèvent les taux d'intérêt dans les semaines et les mois qui viennent. C'est pourtant ce que la Banque du Japon (BoJ) avait fait en février dernier. A cette époque, la BoJ avait augmenté d'un quart de point (à 0,50%) son taux directeur, de peur que l'inflation ne fasse surface dans une économie en rebond.

Il est clair désormais que la banque centrale a plus à s'inquiéter d'une nouvelle atonie de l'économie que d'une résurgence de l'inflation.... Le tout pour le grand bonheur de ceux qui pratiquent le "carry trade" (forme d'arbitrage jouant sur les différences de taux) !