Il a déboulé sur la scène littéraire au tournant du siècle dernier avec "La chambre des officiers". Depuis, Marc Dugain s'est imposé comme l'un des plus grands écrivains français de sa génération. Un conteur exceptionnel capable de nouer les fils de l'Histoire comme nul autre pareil. Après avoir entraîné ses lecteurs dans les hôpitaux de la guerre de 14-18 ("La chambre des officiers"), dans la France occupée ("Heureux comme dieu en France"), dans l'Amérique d'Edgar Hoover, patron du FBI de 1924 à 1972 ("La malédiction d'Edgar"), il prend aujourd'hui la route de la Russie pour "Une exécution ordinaire".

Tout commence en 1952 dans les bureaux de Staline où une urologue est conduite pour soulager le petit père des peuples. Mais à peine Dugain a-t-il planté le décor en ravivant l'atmosphère étouffante du stalinisme déclinant, qu'il s'échappe pour Berlin Est. L'heure est alors à la perestroïka, ce qui n'empêche pas les espions du KGB de continuer à jouer leur partition. Mais déjà, l'écrivain plonge ses lecteurs en Mer de Barents, à la veille du IIIe millénaire, dans un sous-marin étrangement ressemblant au Koursk.

De flash-back en rebondissements, Marc Dugain brosse, à la manière d'un puzzle, une fresque envoûtante et palpitante de la Russie. Porté par un style alerte et fluide, crépitant parfois d'un humour juif ashkénaze qui contrebalance un antisémitisme russe tenace, "Une exécution ordinaire" monte en puissance au fil des pages pour offrir au final une version des événements de ces dix dernières années singulièrement différente de l'histoire officielle.


"Une exécution ordinaire" de Marc Dugain. Gallimard, 352 pages, 19,90 euros