Un Picasso dans son assiette

L'artiste catalan était également un grand céramiste. On trouve de ses oeuvres dans ce registre à partir de 2.000 euros, dans de nombreuses ventes.

Si Picasso a peint quelques assiettes dans les années 1895 -Malaga, sa ville natale est riche en potiers - et au début des années 1930, sa production, conséquente puisqu'on recense plus de 3.500 modèles, couvre sept années fastes, de 1947 à 1954. C'est en voisin que, visitant l'atelier Madoura à Vallauris, il s'initie à la technique de l'argile, de l'émail et de la cuisson.

Très vite, il passe des formes traditionnelles, plats, assiettes, vases, pichets, à des modèles très personnalisés, même si son inspiration reste souvent identique: tauromachie, chèvres ou chouettes, visages multi facettes... Les plats rectangulaires deviennent une tête, les vases des corps de femmes, les pichets des personnages. Même en céramique, Picasso fait du Picasso.

Artiste scrupuleux, Picasso, soutenu par la rigueur de l'atelier Madoura avec qui il signe un contrat d'exclusivité, fixe des règles de fabrication et limite la production, rarement à plus de 500 exemplaires, tout en souhaitant que ses oeuvres puissent servir dans une salle à manger.

Jusque dans les années 1990, les céramiques de Picasso étaient peu recherchées, sauf les pièces uniques qui atteignent le prix d'un dessin original, voire d'une petite toile (350.000 à un million d'euros). Ce n'est plus le cas aujourd'hui, car le marché, surtout américain, s'est emballé notamment pour les grands plats et pichets géants. Ce n'est pas (encore) le cas des assiettes et des grands multiples. Savoir: il existe deux types de céramiques de Picasso. Les oeuvres originales, même en grand nombre, reproduisent un modèle conçu par l'artiste et respectent très exactement le volume, le décor, les couleurs et les empreintes réalisées avec une "matrice" de plâtre gravée par Picasso et dupliquée en qualité répertoriée. Elles se reconnaissent au tampon "Madoura, empreinte originale" avec le numéro de série.

Les répliques ou éditions ont été réalisées comme le précise la mention au tampon au dos de la céramique "Madoura d'après Picasso". La différence de prix peut être minime si l'oeuvre originale a été tirée à de nombreux exemplaires. Les experts s'attachent davantage à l'état de conservation, à sa représentation, au motif, aux couleurs, à sa qualité artistique et son originalité.

Acheter: si les plats et vases de grand format, notamment de petite série, atteignent les 15.000 euros, la majorité des autres pièces, notamment les assiettes et les petits vases, cotent entre 2 et 5.000 euros, moins pour les cendriers ou les médaillons. En France, de nombreuses ventes aux enchères proposent de tels objets, curieusement davantage dans les ventes de tableaux et lithographies contemporaines que dans les vacations spécialisées en céramique. A Drouot, les adjudications sont à nouveau soutenues, notamment par les marchands qui écoulent ensuite leurs achats outre-Atlantique, où la demande s'est récemment amplifiée. Ce n'est pas le cas en province, où l'on peut parfois dénicher dans une vente courante quelques céramiques de Picasso à des prix abordables.

Selon le site spécialisé Artprice.com, 100 euros investis il y a dix ans dans une céramique de Picasso valaient 157 euros l'an dernier.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.