Arles, un festival réussi de photographies

La nouvelle édition du festival d'Arles rassemble nombre d'expositions passionnantes, pour certaines menées d'une main de maître. Invités d'honneur, les photographes indiens livrent une vision inédite de leur pays.

Pas de directeur artistique de renom, cette année, comme Raymond Depardon l'an passé. Ni de rétrospective fracassante consacrée à l'une des stars de la photo. Cette nouvelle édition des Rencontres d'Arles -concoctée par François Hébel, directeur du festival-, n'en est pas moins réussie tant elle regorge de surprises. A commencer par l'exposition magistrale : "Le studio Zuber". L'occasion pour le public de découvrir le travail exceptionnel de ce premier collectif de photographes formé dans les années 1930 et composé de René Zuber, Pierre Boucher, Emeric Feher, Pierre Verger et Denise Bellon. Multipliant les cadrages audacieux, les jeux de lumière, privilégiant les thèmes de la nature et du corps, tous ont signé des photos aux lignes pures et harmonieuses, d'une beauté à couper le souffle.

Le mode de diffusion du studio Zuber devait inspirer après-guerre Robert Capa et Henri Cartier-Bresson, les fondateurs de l'agence Magnum dont on fête ici le 60ème anniversaire à travers une rétrospective extraordinaire et interactive. Car il revient aux visiteurs de choisir le nom de l'un des 80 photographes de l'agence (parmi lesquels Elliott Erwitt ou Martin Parr) dont ils ont envie de (re)découvrir l'oeuvre. Et de voir défiler une belle sélection de ses photos sur un écran géant.

Mais la véritable découverte du festival n'est autre que la photo indienne, à l'honneur cette année avec une multitude d'expositions. Non contentes de balayer l'histoire du médium, elles donnent à voir le dynamisme de la scène photographique actuelle focalisée sur les thèmes de la famille et de l'enfance. Parmi les noms à retenir, celui de Dayanita Singh dont les photos, discrètes, mélancoliques, de vieux cinémas indiens ou de la maison-musée de Nehru, racontent le temps qui passe et la fragilité de la mémoire.

C'est aussi par petites touches fragiles qu'Alberto Garcia-Alix a voulu conserver la trace d'un quotidien vécu à la marge de la société. Ses premières images immortalisées dans les années 1980 figurent une paires de chaussures, une montre, un cheval à bascule au coin d'une rue, mais aussi ses amis, travestis, drogués ou adeptes de pratiques sado-masos. On pense bien sur à Diane Arbus en regardant ses photos, même si celles de l'Ibère (désormais considéré comme le plus grand photographe espagnol), sont pleines de tendresse pour ce monde qui reste le sien. Dommage que ces images deviennent plus démonstratives au fil des années.

Cet été, Elizabeth II s'impose comme la reine du festival avec une rétrospective jubilatoire et fascinante de ses portraits officiels. Les plus éblouissants ont été réalisés par Cecil Beaton, les plus récents par un Rankin adepte de couleurs flashy. Rien à voir avec ce projet raté pour lequel on a demandé à de nombreux photographes d'imaginer le portrait officiel de la première femme présidente de la république. Si l'idée était bonne, le résultat se révèle affligeant de bêtise et de clichés pourtant recyclés par d'excellents photographes. Comme si aucun d'entre eux ne pouvait prendre l'exercice au sérieux.

Les Rencontres d'Arles, expositions présentées dans toute la ville du 3 juillet au 16 septembre tous les jours de 10h à 19h. Tel : 04 90 96 76 06. www.rencontres-arles.com

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