Nicolas Sarkozy offensif pour décrocher le point de croissance qui manque à la France

C'est un Nicolas Sarkozy souvent badin, parfois inspiré et toujours affirmatif qui a prononcé aujourd'hui un discours dont l'attente avait été soigneusement entretenue pour mettre en scène les annonces composant la "deuxième phase des réformes économiques" de son quinquennat. Le premier président de la République à s'exprimer devant les patrons réunis pour l'université d'été du Medef sur la campus d'HEC à Jouy-en-Josas a fondé le socle de son discours sur une vision quasiment psychologique des blocages français "qui sont d'abord dans les têtes. Ils sont dans les préjugés, dans les a priori, dans le manque d'audace, dans le manque de courage".Pour les vaincre, Nicolas Sarkozy prône la rupture "conduite dans le dialogue" afin d'obtenir le point de croissance qui, selon lui, manque à la France "pour résoudre nos problèmes". "Je veux aller chercher ce point de croissance", martèle le président, en conduisant "une politique de l'offre et de la demande", "de la compétitivité et du pouvoir d'achat" et surtout du travail. Sa volonté se traduit par des axes de travail et quelques annonces, déjà souvent évoquées, à mettre en musique dans les prochains mois par le gouvernement, notamment la ministre de la justice, Rachida Dati, citée à de nombreuses reprises.- Le social Nicolas Sarkozy a signé l'arrêt de mort des 35 heures: "je veux aller beaucoup plus loin dans l'assouplissement des 35 heures pour redonner des marges de manoeuvre plus importantes à la politique salariale". Ainsi "les partenaires sociaux vont avoir plus de marges de manoeuvres" pour négocier sur les salaires. Plus globalement, Nicolas Sarkozy veut donner de l'espace à la négociation entre partenaires sociaux. "Je veux engager avec les partenaires sociaux une discussion sur la possibilité de donner une plus grande place aux accords de branches et d'entreprises", souligne-t-il. Le président de la République souhaite aussi fluidifier le marché du travail. Il envisage deux mesures concrètes, souvent évoquées. D'une part, la rupture facilitée du contrat de travail. Il est ainsi favorable à "la possibilité d'une séparation à l'amiable dont les conditions pourraient être fixées à l'avance" entre des partenaires qu'il semble placer sur le même plan. Il remet ainsi en cause la philosophie qui irrigue le droit du travail français: l'inégalité entre le salarié et l'employeur. D'autre part, Nicolas Sarkozy "souhaite que la fusion des réseaux opérationnels de l'ANPE et de l'Unedic soit décidée d'ici la fin de l'année, en liaison avec les partenaires sociaux". Elle devrait permettre de trouver plus facilement un emploi aux chômeurs. Reste à savoir quelle institution mettra en ouevre les sanctions frappant les chômeurs refusant "plusieurs offres d'emplois". "Elle sera discutée", élude Nicolas Sarkozy.- La politique industrielle Nicolas Sarkozy se pose en défenseur d'une politique industrielle. Il s'étonne que l'Europe soit "la seule région du monde où il est impossible de conduire des politiques industrielles". Et tout de suite, il répond à Gérard Mestrallet qui avait lancé un ultimatum dans le dossier de la fusion Suez-GDF. Il propose à "Suez de fusionner ses activités énergétiques avec Gaz de France et de constituer un grand groupe de gaz et d'électricité à la dimension du marché européen dont l'Etat sera le principal actionnaire. Cela suppose que Suez fasse un choix stratégique en se spécialisant dans l'énergie", déclare-t-il. Vigoureusement applaudi par l'auditoire, Nicolas Sarkozy "n'accepterait pas" que "les tarifs de l'électricité et du gaz augmentent plus vite que les coûts" en raison de l'augmentation du prix du pétrole alors que la France dispose de l'énergie nucléaire.Enfin, il réitère son souhait de voir la France se doter d'un "Small Business Act" sur le modèle américain qui permette de réserver une partie des marchés publics aux PME.- L'ouverture des magasins le dimanche Nicolas Sarkozy souhaite avancer rapidement sur ce dossier en poussant à l'ouverture en précisant bien que cela ne doit pas forcément concerner tous les magasins.- La fiscalité Souhaitant "aller plus loin dans la remise en cause" des prélèvement obligatoires, Nicolas Sarkozy met en avant deux chantiers. Le premier, celui du crédit impôt recherche qu'il souhaite simplifier au maximum. "Toutes les dépenses de recherche (doivent être) désormais prises en compte dans le calcul du crédit d'impôt recherche", tandis que son taux devrait être triplé et une majoration de 50% appliqué la première année, indique-t-il. Voilà pour la décision concrète.A plus long terme, il souhaite "aller plus loin dans la réforme fiscale" et notamment dans "l'allègement de la taxation du travail". "La question de la taxe professionnelle, la question de la taxe sur les salaires, la question de l'assiette des cotisations sociales doivent être posées", affirme-t-il en ajoutant "nous ne pouvons pas continuer à taxer aussi massivement le travail, l'investissement et la production de richesse plutôt que la richesse produite". Le dossier de la TVA sociale est bien lancé. - La réforme de l'EtatLe non-renouvellement d'un emploi de fonctionnaire sur deux partant à la retraite est réaffirmé par le président de la République. Celui-ci souhaite aussi s'attaquer aux structures de l'administration avec notamment la division "par deux" du nombre des directeurs d'administrations centrales. Il illustre ce travail de simplification par deux exemples: la "fusion" prochaine "de la comptabilité publique et des impôts" et le "rapprochement" de la DST et des renseignements généraux. Plus globalement, "tous les organismes inutiles seront supprimés". - Le droitC'est peut être sur ce terrain que le président de la République a été le plus novateur, en répondant aux craintes de nombreux chefs d'entreprise qui se sentent toujours menacés par la remise en cause de décision par des juges. Il a demandé à Rachida Dati, la garde des sceaux, "de faire des propositions" pour asseoir la sécurisation juridique des entreprises. Critiquant tout gouvernement économique ou social des juges, Nicolas Sarkozy propose deux pistes de réflexion. D'abord, il critique la superposition trop fréquente des procédures pénales et civiles. Ensuite, il se demande pourquoi recourir au droit pénal quand on peut régler les litiges autrement.Par ailleurs, le président de la République a demandé à la ministre de la Justice "d'interdire la pratique des dénonciations anonymes" donnant lieu à enquête de police ou fiscale. Nicolas Sarkozy a été lui-même victime d'une telle dénonciation dans l'affaire Clearstream. - Les banques A plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy a mis en cause "l'économie spéculative", l'opposant au capitalisme d'entrepreneur. A la sortie de la crise du subprime, c'est de circonstance. Dans ce cadre, il a mis en garde les banques qui prêtent aux spéculateur et non aux entreprises et aux ménages.Nicolas Sarkozy, qui avait eu, à propos du cours de l'euro, des mots durs pour la Banque centrale européenne (BCE), insiste dans cette voie. La BCE "doit accepter le débat" sur le taux de la monnaie européenne. - La distribution Nicolas Sarkozy souhaite une nouvelle réglementation des marges arrières dans la grande distribution afin de "faire baisser les prix à la consommation". Celle-ci devraient être intégrée "dans le calcul du seuil de revente à perte". Ces ristournes déguisées obtenue par le distributeur représentent en moyenne 35% du prix payé par le distributeur à l'industriel.
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