J'ai assisté aux premières enchères du Royal Monceau

Affluence record et vente prestigieuse, c'était le programme présenté jeudi soir dans le cadre du célèbre palace de l'avenue Hoche, à Paris. L'hôtel se vend en effet littéralement pièce par pièce avant une nouvelle rénovation. Latribune.fr était sur place.

Bon, j'avoue tout de go, je suis une parfaite néophyte en matière de ventes aux enchères. Mais là, une vente exceptionnelle au Royal Monceau, cela a de quoi attirer. Je me suis donc précipitée jeudi soir à la première vente aux enchères organisée dans le palace par la célèbre maison Cornette de Saint Cyr. Et je n'étais pas la seule.

A quelques pas du mythique Arc de Triomphe, la foule des grands jours se pressait déjà aux portes du palace de l'avenue Hoche. Beaucoup n'ont pas pu rentrer. Et pour ceux qui ont eu le privilège de fouler les tapis orientaux de l'entrée (en vente bien sûr), il ne fallait pas non plus être en retard. Comme se fut mon cas avec beaucoup d'autres, impossible de trouver une chaise, je me cale donc dans un coin de porte pour assister à la vente dans la salle principale.

Devant l'affluence, l'opération se déroule en effet dans trois salles: la salle principale donc, où officie le commissaire-priseur, une salle voisine près du jardin et le hall d'entrée, transformé pour l'occasion. Le moment est presque historique. Ouvert en 1928, le Royal Monceau se vend en effet littéralement pièce par pièce.

Selon le souhait du nouveau propriétaire, Alexandre Allard, 39 ans, l'hôtel va être entièrement réaménagé sous la houlette du célèbre designer Philippe Starck. Exit donc le mobilier de style néoclassique revisité en 2004 par Jacques Garcia et bienvenue "à une nouvelle période, un nouvel hôtel plus adapté à la clientèle modèle", dixit le maître des lieux.

Tout doit aller dans "vos maisons"

En attendant le début des enchères, l'ambiance est fébrile. A côté de moi, un jeune homme discute avec deux copines: ça parle bac et vacances. Après information (un peu de surprise de ma part de trouver des jeunes gens dans une vente aux enchères), il s'agit du fils de Bertrand Cornette de Saint Cyr, le commissaire-priseur qui tiendra le marteau toute la soirée. C'est un peu une histoire de famille d'ailleurs, puisque c'est son frère Arnaud qui s'occupe de la salle voisine et le père, Pierre, qui officie dans le hall.

L'excitation devient de plus en plus palpable au fur à mesure que s'approche le début de la vente aux enchères. Mon voisin, jeune bachelier, m'apprend que les quelques jours d'exposition qui ont précédé, ouvert à tout public, ont également été un succès, avec 4.000 entrées par jour.

Dans la salle principale, catalogue de vente sur les genoux, on se prépare. Notes à l'appui comme pour ma voisine, petite dame agée visiblement habituée des ventes aux enchères, on revient sur les lots repérés pour ne pas passer à côté. Dans la foule, les grandes pages du "Canard Enchaîné" se distingue dans les mains d'un homme, peut-être le seul à rester serein.

Soudain, c'est le silence. Après un petit discours du nouveau propriétaire ("les meubles du Royal Monceau ne sont plus adaptés sauf pour aller dans vos maisons"), les enchères commencent. Ce soir, on vend le mobilier du hall d'entrée, de l'escalier principal et du restaurant gastronomique de l'hôtel, le Carpaccio. Le premier lot est une paire de lampes de lecture mise en vente à 300 euros. Elles s'adjugeront finalement à 1.200 euros.

Le "piano de Marilou"

S'ensuivent tapis, lustres, bureaux, chaises, tabouret dont la mise à prix peut démarrer parfois à 100 euros. Abordable certes, mais les enchères montent souvent bien au delà des 2.000 voire 3.000 euros. Au fil de la soirée, l'affluence se fait moindre et les places se libèrent, à mon grand soulagement. L'ambiance se fait même studieuse. Tout se joue en effet à la seconde, avec quelques belles batailles notamment au téléphone où des clients passent leurs ordres d'achat.

Un lustre "18 lumières" du hall, dont la mise débute à 600 euros, va ainsi s'arracher à 8.500 euros. La statue en marbre blanc, qui orne l'escalier du hall depuis l'ouverture du Royal Monceau, passera de 6.000 euros à 23.000 euros au terme d'un combat acharné entre deux acheteurs.

Dans les 191 lots mis en vente pour cette première soirée, on trouve en particulier quelques pièces emblématiques: le piano du bar, vite renommé par le commisseur priseur "le piano de Marilou", en référence à Michel Polnareff qui occupa longtemps les lieux. On n'hésite pas en effet à jouer sur la part de rêve: le miroir de l'entrée a vu passer "les plus grandes stars", de Joséphine Baker à Robert de Niro, les tapis de l'entrée ont vu défiler les "jambes des plus belles femmes du monde"...

Un des plus gros lots de la soirée est une commode Louis XVI présente depuis l'inauguration de l'hôtel. Mise aux enchères à 10.000 euros, elle partira chez son nouveau propriétaire pour la modique somme de 22.000 euros. Le clou des enchères est surtout "le plus bel élément de l'hôtel" selon le commissaire priseur: une table de milieu, en marbre de Carare du 19ème siècle. Pour cette pièce exceptionnelle, les enchères vont s'envoler de 15.000 à 55.000 euros.

Il est maintenant 23 heures passé et les enchères s'achèvent. Seuls les plus intéressés sont restés et reviendront peut-être ce vendredi, samedi et dimanche, pour les dernières ventes. Pour ma part, je quitte le Royal Monceau, sans oublier de jeter un regard en arrière. Le décor de luxe qui m'a accueilli le temps d'une soirée ne sera bientôt plus.

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