Bear Stearns : un "deal" pourrait être annoncé pendant ce week-end

Une faillite de Bear Stearns provoquerait une déflagration sur le marché des Credit Default Swap (CDS, dérivés de crédit) qui représente 42.500 milliards de dollars. La Réserve fédérale (Fed) et son bras privé, JPMorgan Chase, doivent faire vite pour éviter la propagation d'une panique.

Alors qu'Alan Schwartz, directeur de Bear Stearns, avait déclaré en début de semaine qu'il n'y avait "absolument aucune vérité dans les rumeurs de problème de liquidité", la société vient d'annoncer qu'elle cherchait une source de financement permanent, voire d'autres alternatives. Avec JPMorgan Chase and Co. La main de la Fed est derrière cet accord et les autorités américaines souhaitent visiblement aller très vite.

A tel point que l'on attend l'annonce d'un "deal" pendant ce week end.

Outre la baisse de plus de 40% de l'action Bear Stearns, le "spread" de sa dette calculé par son Credit Default Swap sur cinq ans a augmenté de 44 points de base pour atteindre 730 points de base (1 point de base = 0,01%). Cela veut dire que pour protéger 10 millions de dollars de dette de Bear Stearns contre un risque de défaut, il faut payer 730.000 dollars par an, ce qui est énorme.

Par ailleurs, comme tous les grands brokers dealers, Bear Stearns est aussi un vendeur et un acheteur actif de protection sur le marché des CDS. Une faillite de la maison provoquerait un petit tsunami sur l'encours des dérivés de crédit de 42.500 milliards de dollars (chiffres de la Banque des règlements internationaux, BRI). Selon Barclays Capital, le défaut d'une contrepartie (Bear Stearns dans le cas présent) pourrait se traduire par des pertes comprises entre 36 et 47 milliards de dollars (La Tribune du 6 mars).

La FED et les autres banques centrales n'ont certainement pas envie d'être confrontées à ce type de problème. D'où l'urgence de trouver une solution. En ce qui concerne la liquidité que peut obtenir Bear Stearns auprès de la Fed, il faut savoir que l'établissement n'est pas une banque de dépôt. Il ne peut donc pas solliciter le "Term-Auction Facility", mais JPMorgan Chase peut le faire.

En revanche, Bear Stearns a le droit de placer en pension à la Fed des titres hypothécaires de première catégorie grâce au mécanisme de "Term Securities Lending Facility" récemment annoncé.

Dans l'hypothèse d'un sauvetage orchestré par la Fed, on se retrouve dans un cas classique de la doctrine "too big to fail", trop gros pour faire faillite. Cependant, la Fed peut moduler cette doctrine en ne cherchant pas à sauver la mise des actionnaires, ni celle des créanciers juniors.

Dans un tel cas de figure, on ne pourrait plus l'accuser d'aléa moral, de mutualiser les pertes. Parallèlement, il lui faut trouver un repreneur, ou un pool de repreneurs solide, pour rassurer la clientèle des multiples lignes de produits de Bear Stearns.

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