L'excédent commercial nippon dégringole en avril

Il a chuté de 46% sur un an, les importations, notamment de pétrole, ayant progressé beaucoup plus que les exportations. Et l'archipel souffre du ralentissement américain. Le FMI souligne la "résistance" du pays à la crise, mais l'appelle à réduire sa dette.

L'excédent commercial nippon a chuté de 46,3% en avril sur un an, à 485,03 milliards de yen (3,03 milliards d'euros), à cause de la hausse des importations de pétrole et d'aliments, du ralentissement de la demande américaine et du yen fort, a annoncé ce jeudi le ministère des Finances. Certes, les experts s'attendaient à un recul de l'excédent mais nettement moindre.

Il s'agit du deuxième mois de recul d'affilée pour l'excédent commercial qui avait déjà chuté de 30,5% en mars, selon des chiffres révisés. En avril, les exportations ont augmenté de 4% à 6.895,59 milliards de yen (43,10 milliards d'euros), et les importations de 11,9% à 6.410,56 milliards (40,07 milliards d'euros), a indiqué le ministère.

Les importations de pétrole ont flambé de 55% en valeur, illustrant la montée des cours du brut. Celles de produits alimentaires ont dans le même temps progressé de 7,6%, tirées par les céréales (+31,3%). De plus, l'excédent commercial avec les Etats-Unis, principal destinataire des exportations, s'est contracté de 11,5% sur un an, huitième baisse mensuelle d'affilée, illustrant le ralentissement de la consommation outre-Pacifique ainsi que la dépréciation du dollar face au yen. Les exportations totales vers les Etats-Unis ont chuté de 9,1%. Celles d'engins de chantier ont notamment reculé de 28,1%, celles d'ordinateurs de 20% et celles de semi-conducteurs de 9,7%. En revanche, les exportations de voitures ont assez bien résisté (+1,7%).

"En plus de la faiblesse des exportations vers les Etats-Unis, celles vers l'Union européenne sont en train de ralentir", a indiqué pour sa part un responsable du ministère des Finances. L'excédent commercial avec l'UE s'est en effet replié de 3,2%, première contraction en neuf mois. Les exportations vers l'UE ont faiblement augmenté de 1,3% et les importations de 4,5%.

En revanche, l'archipel a enregistré une hausse de 17,2% de l'excédent commercial avec le reste de l'Asie. Le déficit commercial avec la Chine a notamment fondu de moitié, tandis que l'excédent avec l'Inde s'est amélioré de 43%.

En outre, l'excédent commercial avec la Russie a bondi de 239% sur un an, grâce notamment à une hausse de 58,5% des exportations vers ce pays, tirées par les voitures (68,8%), les pièces pour ordinateurs (238,4%), les appareils audio (306,5%) ou encore l'acier (267,7%). Les échanges totaux (exportations et importations) entre le Japon et la Russie ont atteint en avril 254,5 milliards de yen ce qui équivaut à environ 45% des échanges entre le Japon et l'Allemagne.

Malgré ces mauvais chiffres commerciaux, l'économie de l'archipel fait preuve jusqu'à présent d'une "résistance bienvenue face au ralentissement aux Etats-Unis", même si elle n'échappera pas à un passage à vide dans les prochains mois, a estimé jeudi un haut responsable du Fonds monétaire international (FMI), Daniel Citrin. Il a rappelé que le PIB de la deuxième économie mondiale avait progressé de 3,3% en rythme annuel au premier trimestre 2008 "tiré par les fortes exportations vers des pays autres que les Etats-Unis et par une consommation des ménages étonamment robuste".

"Ceci dit, les récents indicateurs suggèrent que nous nous orientons vers un ralentissement", a-t-il poursuivi, en confirmant les prévisions de croissance du FMI pour l'économie du pays en 2008 (1,4%) et en 2009 (1,5%). "L'expansion ralentit, même si nous nous attendons toujours à une poursuite modérée de la croissance", a-t-il ajouté, en avertissant que ces pronostics "sont soumis à des incertitudes considérables liées à la profondeur du ralentissement aux Etats-Unis, et aussi à ce qui se passera avec les prix des matières premières et avec les conditions sur les marchés financiers".

"Je vais sonner comme un disque rayé, mais nous continuons à croire que la politique budgétaire devrait être guidée par les nécessités de réduire la très grande dette publique et de répondre aux demandes croissantes d'une population vieillissante", a notamment plaidé Daniel Citrin. La dette publique du Japon est la plus élevée de tous les pays industrialisés (environ 180% du PIB en 2007), et la population de l'archipel est plus vieille que jamais: la part des plus de 65 ans atteint ainsi 21,5% de la population en 2007, et devrait grimper à 40,5% d'ici 2055.

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.