Le marché de la musique en France poursuit sa chute

En France, la vente au détail de CD et de DVD musicaux a chuté de 12,4 % en 2007. Avec les téléchargements sur Internet de musique, le recul est de 11,8 %, comparable à celui enregistré en 2006. Les producteurs de disques ont vu leur chiffre d'affaires divisé par 2 en cinq ans.

En 2007, le marché français de la musique enregistrée a été plus touché à nouveau que la moyenne mondiale. Quand l'IFPI (Fédération internationale des producteurs phonographiques) estime la décroissance mondiale à 10 %, le recul en France est proche de 12 %, pour atteindre 1,16 milliard d'euros (données Ipsos/Snep).

Et là où l'IFPI relève une croissance mondiale de 40 % des ventes sous forme de fichiers numériques constate que la musique est l'industrie culturelle la plus avancée dans sa mutation numérique, avec 15 % de son chiffre d'affaires réalisé désormais via la distribution sur mobiles ou Internet, (même 30 % aux Etats-Unis), la France semble à la traîne. La progression du marché numérique s'y limite à 16,6 % et sa part de marché à 7 %.

Toutefois, pour la première année, le nombre de titres téléchargés (36,3 millions par internet ou sur mobile) est désormais supérieur au nombre de singles vendus en magasins (19,5).

Le chiffre d'affaires des producteurs (gros hors taxes) est tombé à 712 millions d'euros en 2007, presque deux fois moins qu'en 2002. De quoi alimenter des discours catastrophistes. Pourtant, le Syndicat national de l'édition phonographique (Snep) qui représente notamment les quatre "majors" (Universal, SonyBMG, EMI, Warner) en France, et présente ce matin ce bilan annuel au Midem à Cannes, veut croire que 2007 aura été " la vraie année de transition " entre le disque et d'autres formes de distribution de la musique.

Malgré la poursuite de la crise, les éditeurs ont commercialisé 1.245 albums en 2007, presque autant qu'en 2006, et le solde des nouvelles signatures de contrats pour des artistes francophones demeure positif (44). Mais les investissements en marketing, pour assurer la promotion des albums, ont eux été divisés par deux.

Les maisons de disques qui ont maintenu leurs efforts en développement de nouveaux artistes s'en sortent le mieux. Alors que les chiffres d'affaires de SonyBMG, Warner EMI plongent de 23 % à 29 % en 2007 en France, Universal a renforcé sa part de marché (41 %), limitant à quelques pourcents sa perte de chiffre d'affaires, notamment en classant dans les meilleures ventes de l'année des jeunes artistes, inconnus il y a deux ans (Mika, Amy Winehouse...).

Et malgré ces investissements maintenus en développement " la marge d'exploitation d'Universal Music Group est passée de 3 à 12 % entre 2003 et 2007 ", a expliqué Jean-Bernard Lévy, président de Vivendi, venu samedi faire partager à Cannes sa " foi " dans la valeur future d'une industrie en mutation.

Les labels indépendants (Wagram, Tôt ou tard, Naïve, Because etc.), eux aussi avec de nouveaux talents (James Deano, Yael Naim..) au top des ventes ces dernières semaines, ont gagné 1,9 point de part de marché (22 % des ventes), et représentent même, à la Fnac, 33 % des ventes, contre 23 % en 2002.

La preuve, estime Stéphane Bourdoiseau, patron de Wagram et président de l'Union des producteurs phonographiques indépendants (UPFI), que la désaffection des consommateurs n'est qu'en partie responsable de la crise du disque. L'appauvrissement de l'offre chez les majors qui ont coupé dans leur coûts de développement, serait aussi en cause.

Du coup, malgré des chiffres sans appel pour 2007, la filière musicale semble avoir fini de se désespérer. Le Snep estime que la transition numérique est désormais véritablement engagée, l'UPFI parle d'un retour de confiance chez ses memebres. Parmi les raisons d'espérer : la multiplication de nouvelles formules de distribution de la musique sur Interent ou sur mobiles (à la carte, sous forme d'abonnement illimité, gratuit financé par la publicité....), la prochaine loi qui devrait faire reculer le piratage, le soutien des pouvoirs publics à la filière, grâce par exemple au crédit d'impôt.

Mais les producteurs attendent d'autres mesures, comme l'allongement de la durée des droits des artistes interprètes dont les oeuvres tombent après 50 ans dans le domaine public, ne générant plus de revenus, ou encore la baisse de la TVA. La ministre de la Culture Christine Albanel s'est engagée dimanche à Cannes, à profiter de la prochaine présidence de la France à l'Union Européenne pour faire avancer ces sujets.

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