Aldo reprend les baguettes

Après deux albums de chanteur, Aldo Romano revient à son coeur de métier. Compositeur et batteur, le plus italien des jazzmen parisiens met en valeur la saxophoniste Géraldine Laurent.

Certains avaient pu penser à un changement de registre voire à un reniement. L'italien Aldo Romano entamait, la soixantaine passée, une carrière de chanteur, disait-on. Ses deux précédents albums avaient défrayé la chronique et perturbé même les chroniqueurs. D'autant plus qu'il avait poussé la liberté de ton (et de son) avec une reprise de Léo Ferré et même un duo avec Carla Bruni au titre romantique ("Io qui, tu li", moi ici, toi là).

Les amateurs de jazz qui hantent les clubs de jazz n'y avaient pas cru un instant. Eux qui depuis quatre décennies entendent Aldo emprunter tous les chemins de l'improvisation, du free jazz aux mélodies chantantes. Voulait-il vaincre les réticences de ses fans désappointés ? Toujours est-il qu'Aldo a choisi de reprendre les baguettes (et balais) du batteur et la "plume" du compositeur pour ce retour aux sources. "Je réintègre mes pénates... avant la prochaine escapade", confie le batteur à l'occasion de la sortie de "Just Jazz" (Dreyfus Jazz).

Dans sa sécheresse, le titre du disque sonne comme une revendication. Le temps n'est plus de la romance. Aldo Romano donne une leçon de jazz avec force et sincérité, sur ses compositions à l'exception (notable) de deux classiques (des airs de pianistes des temps anciens, Scott Joplin et "Fats" Waller). Pour ce périple, il a invité des complices (Henri Texier, bassiste emblématique et compagnon du Trio africain, Mauro Negri, clarinettiste "à la maîtrise rare"). Une jeune femme se joint au trio, Géraldine Laurent, saxophoniste alto qui suscite chez Aldo "une admiration sans borne". Et de décliner ses talents : "qualités rythmiques, imagination, surprise permanente".

Quartet sans piano, la petite formation dispose de plus de liberté. On entend bien s'exprimer les deux voix - Géraldine et Mauro - pendant que le duo rythmique assure et relance. "La musique, résume Aldo Romano, c'est faire de la place. Ce n'est pas empiler des notes mais donner de l'espace au silence, comme dans l'art japonais".

Discographie: "Just Jazz". Aldo Romano (batterie) avec Henri Texier (basse), Géraldine Laurent (saxophone alto) et Mauro Negri (clarinette). Dreyfus Jazz-Sony-BMG (mai 2008). Albums précédents chez Dreyfus Jazz : Aldo Romano chante (2006) et "Etat de fait" (2007).
Concerts au Sunset (75001) les 27 et 28 juin. Réservations: 01 40 26 21 25. Et aussi à Jazz à Porquerolles (83), le 8 juillet et à Capbreton (40) le 22 août.

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