EADS : Noël Forgeard mis en examen dans l'affaire des délits d'initiés

L'ancien co-président du groupe européen, maison mère d'Airbus, a été laissé libre sous contrôle judiciaire et avec une caution fixée à un million d'euros. Les juges le soupconnent d'avoir profité d'informations "privilégiées" sur les retards de production de l'avion géant A380 et sur le programme A350.

La justice a frappé un premier coup dans l'affaire des délits d'initiés au sein d'EADS. Noël Forgeard, ancien co-président du groupe, a été mis en examen pour "délit d'initié" dans la nuit de jeudi à vendredi dans l'enquête sur les ventes massives de titres juste avant l'annonce des retards de production sur l'A380 en juin 2006.

Après un jour et demi de garde à vue à la brigade financière et trois heures d'audition par les juges, Noël Forgeard, 61 ans, a été laissé libre sous contrôle judiciaire, avec obligation de verser une caution d'un million d'euros. Outre le versement de cette caution, le contrôle judiciaire de Noël Forgeard lui interdit également d'entrer en contact avec son ancien directeur de cabinet.

L'ex-patron d'EADS est soupçonné d'avoir profité d'informations "privilégiées" sur les retards de production de l'avion géant A380 et sur le programme A350, pour vendre en novembre 2005, puis en mars 2006 ses stock-options de la société, ce qui lui a rapporté plus de quatre millions d'euros.

Les retards de production n'ont été annoncés officiellement que le 13 juin 2006, ce qui avait provoqué le lendemain une chute du titre EADS de 25% sur les marchés.

Devant les juges d'instruction Xavière Simeoni et Cécile Pendariès, Noël Forgeard a nié tout délit d'initiés. Mais les juges n'ont pas été convaincus. En revanche, après un long débat, ils n'ont pas retenu contre Noël Forgeard l'autre incrimination de "diffusion d'informations fausses ou trompeuses aux marchés financiers", visée aussi dans l'enquête ouverte en novembre 2006 sur plainte de petits porteurs. Ce grief concerne les informations optimistes diffusées aux actionnaires par la direction d'EADS avant l'annonce concernant l'A380. Une intention de dissimulation est soupçonnée.

C'est la première mise en examen dans ce dossier qui concerne potentiellement, au total, 17 personnes physiques et deux sociétés Lagardère et DaimlerChrysler, soupçonnées officiellement dans un rapport de l'Autorité des marchés financiers (AMF), remis à la justice.

Parmi les personnes ayant vendu des titres dans la période litigieuse et réalisé des gains de plusieurs millions d'euros, figurent notamment l'ancien co-président d'EADS Thomas Enders, devenu directeur d'Airbus, François Auque, directeur de la division spatiale du groupe EADS, Jean-Paul Gut, ex-directeur général délégué et Jussi Itavuori, directeur des ressources humaines.

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