Spécial JO de Pékin : des sites internet toujours sous contrôle

Certains sites internet sont encore bloqués par les autorités chinoises. Le CIO aurait pris le problème trop tard.

L'accès à Internet reste toujours limité en Chine. En milieu de semaine dernière, des journalistes accrédités pour les JO s'étaient émus de ne pouvoir accéder à certains sites, comme ceux d'Amnesty International, de Reporters sans frontières ou de la BBC Chine. Pourtant, le CIO, Comité international olympique, à commencer par son président Jacques Rogge, avait annoncé qu'il n'y aurait aucune censure durant les Jeux pour les quelques 20.000 journalistes attendus. "Pour la première fois, les médias étrangers pourront faire des reportages librement, les transmettre librement en Chine. Il n'y aura pas de censure sur internet", avait assuré Jacques Rogge, lors d'un entretien à l'AFP (Agence France Presse) il y a deux semaines

Vendredi dernier, la Chine avait lâché du lest en autorisant l'accès à ces sites, mais elle bloque toujours ceux de dissidents, de groupes pro-tibétains ou toute page web ayant trait au mouvement spirituel Falungong, interdit en Chine, ou encore à la répression du mouvement démocratique de Tiananmen en 1989.

Mais l'ancien vice-président du Comité international olympique, Dick Pound, a critiqué mardi 5 août à Pékin la gestion tardive par le CIO de la limitation par les autorités chinoises de l'accès à internet pour les journalistes étrangers. "Cela n'aurait pas dû être au coeur des discussions de la presse en août 2008 alors que nous savions tous que cela pourrait constituer un problème depuis que Pékin a été désigné et nous aurions dû prendre toutes les mesures nécessaires".

Il n'est pas le seul à réagir à cette situation. A commencer par le président de l'association des journalistes de Hong Kong, Jackie Sam, selon lequel "la Chine doit se conformer à sa promesse de permettre une libre circulation de l'information. Le monde entier observe la performance de la Chine, pas seulement aux Jeux Olympiques, mais dans ses relations avec le reste du monde".

"C'est inacceptable", a réagi pour sa part le porte-parole de la Fédération des journalistes allemands (DJV), Hendrik Zörner. "Cela montre que les Chinois ne sont pas prêts à tenir parole" et qu'ils sont loin "de garantir la liberté de la presse", a-t-il souligné. "Nous espérons que la pression internationale les fera changer d'avis". Il faut dire que la radio-télévision allemande internationale Deutsche Welle, fait partie des sites censurés.

Pour le directeur du quotidien français Le Monde, Eric Fottorino, "c'est une décision regrettable. (...) On peut plus être aujourd'hui pour ou contre Internet. Internet, c'est un véhicule majeur de l'information. On ne peut pas élever une muraille de Chine contre Internet".

Daniel Bilalian, patron des sports de France Télévision qui retransmet les JO, a déclaré que "la seule chose" qui ferait renoncer France Télévision aux JO serait que les images ne soient pas diffusées en direct. "S'il y avait un incident sur le direct, il a toujours été dit que nous rentrerions".

Plus globalement, la Fédération Internationale des Journalistes, qui affirme représenter 600.000 journalistes dans plus de 120 pays, a demandé à la Chine de garantir un libre accès des journalistes à internet.

A Genève, l'organisation de défense des journalistes Presse Emblème Campagne (PEC) regroupant 35 associations et syndicats d'une centaine de pays a rappelé "les autorités chinoises à leurs obligations pour un accès libre et sans entraves des journalistes à tout le territoire chinois".

A Paris, Reporters sans Frontières a appelé à manifester ce vendredi 8 août, jour de la cérémonie d'ouverture des JO, devant les ambassades de Chine à Londres, Madrid, Berlin, Paris, Washington, Bruxelles, Montréal, Rome, Stockholm, ainsi que devant le musée olympique de Lausanne.

A Genève, l'organisation de défense des journalistes Presse Emblème Campagne (PEC) regroupant 35 associations et syndicats d'une centaine de pays a rappelé "les autorités chinoises à leurs obligations pour un accès libre et sans entraves des journalistes à tout le territoire chinois".

Côté dirigeants, l'ancien président tchèque Vaclav Havel et seize autres personnalités comme l'évêque sud-africain Desmond Tutu, le militant chinois pour la démocratie Wei Jingsheng et le philosophe français André Glucksmann, ont invité le CIO à assurer la liberté d'information pendant les jeux.Plus tempérée, la Maison Blanche a juste tenté de rassurer Pékin en affirmant que la Chine n'avait rien à craindre d'un accès plus grand donné à la presse et à internet.

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