Après avoir annoncé un bénéfice net en recul de 16,8% consécutif à des dépréciations de 3,3 milliards d'euros liées à la crise des subprime, le directeur général du Crédit Agricole Georges Pauget a affiché sa volonté de donner la priorité à la croissance interne. La banque estime avoir "parachevé sa reconfiguration" telle qu'elle avait été prévue dans son plan stratégique 2006-2008. Celui-ci prévoyait de porter à 50% la part de ses revenus hors de France.

Si l'on met de côté l'impact de la crise, cette part des revenus hors de France est en effet de 49% contre 35% en 2005. Les acquisitions ne sont donc plus au programme. Toutefois, Georges Pauget pourrait faire une exception. "Si le paysage bancaire français devait évoluer, il va de soi que nous ne serions pas indifférents à cette évolution", a-t-il déclaré. En clair, la banque verte pourrait passer à l'action si la Société Générale devait être la cible d'une offre de rachat.

Malgré les dépréciations, Crédit Agricole S.A. dégage un résultat net part du groupe de 4,044 milliards d'euros. De son côté, le produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires) a augmenté de 3,6% à 16,76 milliards. Hors impact de la crise, il aurait progressé de 25,5% et le résultat brut d'exploitation serait en hausse de 30,5%.

Le quatrième trimestre a été particulièrement difficile avec un résultat net part du groupe en perte de 857 millions d'euros. C'est nettement pire que les attentes des analystes qui tablaient sur une perte de 554 millions. Le résultat du quatrième trimestre est fortement impacté par la crise des marchés des structurés de crédit: des dépréciations exceptionnelles de 3,3 milliards d'euros ont ainsi été comptabilisées dans la banque de marché de Calyon. Ces dépréciations ont été revues à la hausse puisqu'en décembre le groupe bancaire avait annoncé le chiffre de 2,5 milliards.

Sur cette période, le produit net bancaire du Crédit Agricole s'élève à 2,406 milliards d'euros, en retrait de 42,8% sur celui du quatrième trimestre 2006. Il progresse de 16,5% hors impact de la crise. C'est le pôle banque de financement et d'investissement qui paie un lourd tribut à ces mauvais résultats. Sur ce dernier trimestre, la perte de cette division est de 1,912 milliard et sur l'ensemble de l'année elle est de 904 millions. Hors pertes liées à la crise, le pôle banque de financement et d'investissement aurait enregistré un résultat positif de 255 millions au quatrième trimestre, en baisse néanmoins de 25% par rapport à la même période de 2006. Sur l'année le résultat aurait été de 1,827 milliard (+11,2% sur 2006).

S'agissant du groupe, Crédit Agricole enregistre en 2007 un résultat net part du groupe de 5,970 milliards d'euros sur l'année (-16,0% par rapport à 2006). Le produit net bancaire atteint 29,610 milliards, en hausse de 1,6% malgré des conditions de marché dégradées. Enfin, après un coût du risque s'élevant à 2,888 milliards d'euros, lié essentiellement à la crise financière, et un résultat net sur autres actifs ainsi qu'un résultat des sociétés mises en équivalence reflétant les effets sur le groupe de la fusion Intesa-San Paolo, le résultat net part du groupe s'établit à 5, 970 milliards d'euros.

A la Bourse de Paris, ces résultats et l'annonce de la fin de la période des acquisitions ont rassuré les investisseurs. Le titre a gagné 5,75% clôturant à 18,20 euros à la Bourse de Paris.