Yahoo : des actionnaires en colère

Trois jours après le retrait de l'offre de rachat de Microsoft sur Yahoo, certains actionnaires du portail Internet expriment leur colère et deux fonds portent plainte. Une pression supplémentaire pour Yahoo, qui s'ajoute à la chute de 15% de son cours d'action lundi à Wall Street. Son directeur général, Jerry Yang, s'est d'ailleurs dit prêt à discuter de nouvelles propositions.

Les mécontentements enflent. Le refus obstiné du portail Internet Yahoo d'accepter l'offre de rachat du géant des logiciels a provoqué la grogne de certains actionnaires et pas les moindres. Ce mardi, Gordon Crawford, un gestionnaire de fonds d'une filiale de Capital Research Management, premier actionnaire de Yahoo à hauteur de 16% du capital, a déclaré dans une interview: "je suis extrêmement en colère contre Jerry Yang (PDG de Yahoo, ndlr) et son soit-disant conseil d'administration indépendant".

Il a déclaré être en désaccord avec les propos du président du conseil d'administration, Roy Bostok, qui affirmait dans un communiqué publié samedi avoir le soutien de "tant d'actionnaires". "J'adorerai savoir qui sont ces actionnaires", demande Gordon Crawford. Il assure qu'"il ne s'agit d'aucun de ceux à qui j'ai parlé jusqu'à aujourd'hui. Tous ceux que je connais auraient vendu leurs titres à 34 dollars par action". Vindicatif, il a ajouté: "j'espère qu'il va y avoir un tel tollé que le conseil se sentira obligé de revoir le dossier, mais je ne suis pas très optimiste là-dessus".

Ce n'est pas tout. Lundi soir déjà, deux fonds de pension ont d'ailleurs décidé de poursuivre une action en justice collective contre Yang et le conseil d'administration de Yahoo pour demander réparation après le retrait de Microsoft. Jerry Yang devra ainsi défendre sa stratégie devant l'assemblée générale des actionnaires, fixée lundi soir au 3 juillet prochain.

La fronde de certains de ses actionnaires ainsi que les interrogations des investisseurs sont autant de pression qui justifie l'ouverture de Jerry Yang. Lundi soir, celui-ci a en effet tendu une première main au géant informatique. Il a ainsi affirmé vouloir parvenir à un accord avec Microsoft et rester prêt à discuter de nouvelles propositions avec le géant des logiciels.

"Quand nous avons dit que c'était un montant "à prendre ou à laisser", cela ne voulait pas dire que nous ne négocierons plus jamais", a-t-il déclaré, dans un entretien accordé au Financial Times. "Nous étions totalement désireux de parvenir à une transaction et ils sont partis", a-t-il poursuivi. Interrogé par le quotidien financier sur ce que ferait Yahoo face à une nouvelle offre de Microsoft, Jerry Yang a affirmé "être toujours ouvert à toutes les alternatives". "Nous leur avons présenté un moyen pour eux de mettre la main sur Yahoo (...) Si c'est cela qu'ils veulent, nous serons ouverts à une discussion", a-t-il conclu.

Dans une autre interview accordée à Reuters, Jerry Yang a parlé de ses "sentiments mitigés" sur le résultat du retrait de l'offre de Microsoft. "C'est eux qui sont à l'origine (des discussions) et c'est eux qui sont partis", a-t-il indiqué. "S'ils ont quoi que ce soit de nouveau à dire, nous serions ouverts (...) Je suis tout à fait disposé à écouter."

En attendant, la décision de Microsoft de renoncer à acquérir le portail Internet Yahoo en l'absence d'accord sur le prix a pesé sur le cours de Yahoo lundi. A la Bourse américaine des valeurs technologiques, le Nasdaq, le titre Yahoo! a plongé lundi de 13,25% à 24,37 dollars alors que le titre Microsoft, longtemps en hausse, a finalement cédé 0,38% à 29,08 dollars.

Les nouveaux signes d'ouverture de Jerry Yang ont permis au titre Yahoo d'évoluer dans le vert avec plus de 6% de hausse ce mardi à la mi-séance, à 25,93 dollars, bien loin encore de rattraper ses pertes de la veille.

Le cours de l'action Yahoo avait clôturé vendredi à 28,67 dollars dans l'espoir d'un rapprochement entre les deux géants. Laura Martin, analyste chez Soleil Securities, citée par Reuters, a jugé que Yahoo demandait un prix trop élevé. "33 dollars était un prix correct dans le contexte de ralentissement de l'économie et de tendances négatives sur le marché publicitaire", a-t-elle estimé.

Le numéro un mondial des logiciels était en effet prêt à relever sa proposition de rachat de 5 milliards de dollars, à 33 dollars par action Yahoo (contre 31 dollars initialement annoncé le 31 janvier), soit 47,5 milliards de dollars (30,8 milliards d'euros), mais le portail Internet réclamait 37 dollars, a expliqué le directeur général de Microsoft Steve Ballmer.

"En dépit de nos meilleurs efforts, y compris le relèvement de notre offre d'environ 5 milliards de dollars, Yahoo n'a pas montré sa volonté d'accepter notre offre", écrit-il dans une lettre à son homologue de Yahoo, Jerry Yang. "Après un examen minutieux, nous estimons que les exigences financières de Yahoo ne sont pas raisonnables pour nous et qu'il est dans le meilleur intérêt des actionnaires, des employés et des autres détenteurs de parts de Microsoft de retirer notre proposition", ajoute Ballmer.

Autre impact négatif du retrait de l'offre de Microsoft ; indirect celui-là, puisqu'il concerne Alibaba.com, le géant chinois de commerce en ligne dont Yahoo est actionnaire à hauteur de 39%. Son action a en effet perdu près de 6% à la Bourse de Hong Kong lundi matin. Selon des analystes, les investisseurs estiment qu'Alibaba pâtira de l'abandon du géant mondial des logiciels et de son savoir-faire.

Yahoo avait toujours rejeté la proposition de Microsoft à 31 dollars par action, jugeant qu'elle le sous-évaluait. Microsoft avait fixé une date limite pour l'acceptation de son offre mais cette date était passée depuis samedi 26 avril.

Microsoft souhaitait acquérir Yahoo pour renforcer ses atouts dans sa bataille avec Google, premier moteur de recherche mondial, qui marche aussi sur les plates-bandes du groupe de Redmond en développant ses propres applications basées sur le net.

Avec cette nouvelle ouverture de Yahoo, le géant des logiciels pourrait donc ne pas renoncer si facilement à un rachat aussi stratégique. Si elle devait se réaliser, cette fusion serait la plus grande jamais réalisée par deux groupes de technologie informatique.

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