Bouygues Telecom fait le grand saut. Alors que les perspectives de croissance de la filiale de téléphonie mobile de Bouygues déçoivent les investisseurs, l'opérateur télécoms s'ouvre à l'Internet haut débit... et cherche ainsi des relais de croissance salvateurs.

"Nous allons capitaliser sur notre base de clientèle existante", explique Philippe Montagner, le directeur général Télécoms et activités nouvelles de Bouygues Telecom, interrogé par Latribune.fr.

L'opérateur dispose déjà d'un accès à un réseau ADSL, géré par Neuf Telecom, et dont il aura le contrôle total en juin 2008. "Nous allons d'ici là lancer une offre d'accès Internet (FAI) pour les entreprises en avril", explique Philippe Montagner. L'offre grand public, qui se traduira par une offre "classique" de triple play (téléphone fixe, Internet, télévision) plus la téléphonie mobile, sera proposée en fin d'année 2008. "Nous voulons nous différencier sur la qualité des services", ajoute le directeur général.

"Nous voulons avec cette offre apporter de la croissance nouvelle, mais aussi fidéliser encore plus nos clients avec un ensemble de services globaux", ajoute Philippe Montagner. Pour l'heure, le silence est absolu concernant les investissements qui sont consacrés à cette nouvelle activité, tout comme les objectifs en termes d'abonnés. Le FAI de Bouygues serait à même de servir 60% de la population, selon Philippe Montagner.

Du coup, Bouygues pourrait se dépêcher de regarder le dossier d'Alice ADSL. Martin Bouygues ne cache d'ailleurs pas son intérêt. "Nous allons demander à voir le dossier, puis regarder le dossier et nous décider en fonction des actifs et du passif présents dans la société, et du prix demandé", a commenté Martin Bouygues lors de la présentation des résultats annuels du groupe, mercredi 27 février.

Ces nouveaux projets semblent également rendre de moins en moins plausible un éventuel désengagement de Bouygues de la téléphonie mobile, comme le voudraient certaines rumeurs de marché. Quant à un partenaire financier, Martin Bouygues prône pour l'heure les vertus de l'indépendance. "Nous avons comme avantage la réactivité", assure Martin Bouygues, qui balaie d'un revers de main tout projet de cession.

Interrogé sur la possible entrée sur le marché d'un quatrième opérateur (arrivée appelée de ses voeux par l'association de défense des consommateurs UFC Que Choisir), Martin Bouygues affiche sa confiance avec une certaine ironie: "Qu'on m'explique comment un nouvel entrant sur un marché mature pourrait baisser ses prix!", lance le PDG du groupe diversifié. "Le déploiement d'un quatrième réseau est impossible", ajoute-t-il, "car trois opérateurs n'arrivent déjà pas à maintenir leurs stations de base, tandis que nous sommes en permanence confrontés à de graves problèmes avec nos antennes vis à vis des collectivités ou encore des riverains...", conclut-il, mettant également en avant le risque d'un nouvel entrant, en particulier à bas coût, sur les emplois... Dans ce contexte, développer l'activité de FAI sera en tout cas bienvenu pour la croissance du groupe.